Carolyne Dufour, soigneuse de seins perdus

Par Karine Dufour-Cauchon 4:00 PM - 24 septembre 2019
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Carolyne Dufour aide les femmes qui doivent vivre avec l’ablation d’un sein.

Carolyne Dufour est la propriétaire de la boutique Lingerie Carly au Centre commercial Charlevoix à La Malbaie. Dans les prochains mois, elle entreprend de transférer graduellement l’orientation de son entreprise et de devenir une boutique spécialisée en sous-vêtements et prothèses post-mastectomie.

« Cela fait maintenant trois ans que je suis « ajusteuse ». C’est comme cela que l’on nous appelle, celles qui conseillent les femmes à la suite de l’ablation d’un sein », soutient-elle d’abord.

Mme Dufour travaille à ce que les combattantes du cancer du sein n’aient pas à subir le regard des autres, en plus de se battre pour leur vie. «Pour les femmes avec qui je travaille, la perte d’un sein signifie la perte de leur féminité, de leur fierté, de leur identité. C’est une partie d’elles. Il se peut que des femmes ne soient pas dérangées par un sein en moins. Mais pour la plupart, c’est comme perdre un bras, une jambe, un membre de la famille. C’est vraiment très dur. De plus, c’est un cancer qui laisse des traces visibles, qui attire le regard des gens, parfois ignorant et irrespectueux», témoigne Mme Dufour.

Afin d’alléger le fardeau de l’épreuve de celles qu’elle appelle affectueusement ses «guerrières_», Mme Dufour prend en charge la bureaucratie en lien avec la pose d’une prothèse mammaire, qui atteint, seulement pour « s’équiper », plus de 1 000 $.

Statistiques effrayantes

Dans les trois derniers mois, c’est plus d’une vingtaine de clientes de plus qu’elle reçoit. « Les statistiques sont épeurantes. Quand j’ai commencé, nous étions à 1 femme sur 12 qui recevait un diagnostic. Aujourd’hui (trois ans plus tard), c’est une sur neuf. Ma clientèle a augmenté de 20 cas en 3 mois », témoigne-t-elle.

La Charlevoisienne, qui fait partie du réseau international de conseillères Amoena, avoue céder parfois à ses émotions suite à des rencontres trop prenantes. « Parfois, il y en a qui viennent pour se faire ajuster,
et je ne peux pas le faire, car elles pleurent trop. Dans ce temps-là, l’important, c’est de ne jamais les
brusquer. C’est quand même difficile de côtoyer ces femmes, que nous connaissons puisque nous sommes en région. Ça m’arrive de laisser couler quelques larmes une fois qu’une femme quitte mon bureau », soutient-elle.

Celle qui parcourt le grand Charlevoix pour guérir ces femmes aux seins disparus conclut en voulant sensibiliser ces concitoyens. « Quand on voit des campagnes sur Internet, où les femmes montrent leurs
cicatrices, on voit encore des gens commenter que « c’est laid », et « qu’il ne devrait pas voir cela ». Ces femmes-là se sont battues pour leurs vies. Elles méritent le respect. Les gens doivent être sensibilisés », termine-elle.

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