Gabrielle Lajoie-Bergeron, une femme de combat

Par Gilles Fiset 1:32 PM - 23 août 2018
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Gabrielle Lajoie-Bergeron se dit honorée de faire partie des artistes du Symposium d’art contemporain de Baie-Saint-Paul, un événement qu’elle est souvent venue admirer par la passé.

 

Féministe avant tout, l’artiste de La Malbaie Gabrielle Lajoie-Bergeron inscrit son travail comme un devoir, celui de dénoncer les situations d’inégalités des femmes dans le monde.

« J’aimerais ne pas réfléchir sur les inégalités, j’aimerais qu’elles n’existent pas, mais il y en a tellement qu’on ne peut pas passer à côté. S’il faut encore en parler, c’est que les gens n’ont pas compris. Mon travail d’artiste, c’est de les mettre en lumière grâce à mes œuvres, par la voie des sensations », affirme en entrevue Gabrielle Lajoie-Bergeron, qui a fait des inégalités faites aux femmes SA cause particulière.
« Ce n’est pas vraiment quelque chose que j’ai véritablement choisi. Peut-être parce que je suis une femme, mais la cause des femmes m’habite. Je me suis toujours impliquée dans des organismes communautaires qui s’occupaient des femmes ou de leur droit et c’est bien certain que ça a influencé ma pratique comme artiste», confie la jeune femme.
Pour livrer son combat, Mme Lajoie-Bergeron se nourrit des rencontres qu’elle fait un peu partout en Amérique du Nord, du Sud ou encore en Afrique avec des groupes de femmes ou tout simplement individuellement.
« On utilise l’art comme un prétexte aux rencontres pour discuter de différents sujets qui touchent la cause des femmes. Ça me permet de voir de quelles façons on se ressemble ou non à travers le monde, de comprendre ce qu’elles vivent, de voir comment on représente les femmes, positivement ou non, et de voir souvent que l’on fait toute la même lutte pour la cause des femmes », explique l’artiste.
Son travail durant l’actuel Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul est un amalgame de peinture et de collages qui s’inscrivent dans un projet plus long qui durera un an et demi et qui l’amènera à rencontrer justement des femmes du Québec, de l’Argentine et de Baltimore aux États-Unis.
« La première partie du projet est inspirée par le mythe métis de La Noyée de Charlevoix. Un mythe qui parle de la femme d’une façon intériorisée et non pas juste comme une figure sexuelle. À ceci viendront s’intégrer des images de gravure issues d’un manuel écrit en 1486 et qui parle des différentes marques physiques pour reconnaître une sorcière et des raisons de les tuer », commence à expliquer Gabrielle Lajoie-Bergeron.
Elle demande d’ailleurs aux femmes qui passent la voir dans son atelier de lui laisser des clichés de marques physiques qui auraient pu, à une certaine époque, laisser croire qu’elles étaient des sorcières. Ces clichés seront additionnés à l’œuvre tout comme d’autres collages glanés au fil des mois. Le tout constituera une œuvre originale et multidisciplinaire qui témoignera de la situation des femmes dans le monde et à travers l’histoire basée sur la notion de territoire, celui que les femmes habitent, mais aussi sur leur territoire plus intime, leur corps et leur esprit.
Le nom de l’œuvre de Mme Lajoie-Bergeron, La Noyée-Tremate, tremate, le stregh son tornate, s’inspire du slogan du mouvement féministe italien des années 1970 utilisé dans plusieurs marches pour le droit des femmes et d’une légende métisse de Charlevoix.

Le début du travail de Mme Lajoie-Bergeron, une acrylique sur toile.
 
 

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