«Depuis un an, je leur dis qu'ils vont tuer le centre d'achats…»

Par Eric Maltais 9:51 AM - 29 mars 2017
Temps de lecture :

François Dubois, depuis 34 ans au Centre Charlevoix

Après la sortie de Richard Berthiaume dans Le Charlevoisien la semaine dernière au sujet du déménagement de la Société des alcools du Québec (SAQ) avec pignon sur rue sur le boulevard de Comporté, c’est au tour de François Dubois, un franchisé Intersport, locataire depuis 34 ans au Centre Charlevoix, de dire tout haut ce que les plus petits commerçants pensent tout bas.
« Depuis un an, je leur dis qu’ils vont tuer le centre d’achats s’ils ne prennent pas les bonnes décisions. L’économie est difficile dans l’est de Charlevoix depuis la fermeture de la Reynolds et de la machine 4 de Produits forestiers Résolu. Nous ne nous sommes jamais relevés de ces pertes d’emplois bien rémunérés », lance dans un premier temps M. Dubois, pour souligner la fragilité de la situation.

« Le fait que Sandalwood ait donné un accès extérieur à la SAQ vient nous enlever notre dernier gros commerce que drainait les touristes dans le mail. Chez Intersport, mon chiffre d’affaires dépend à 50% des touristes. À partir du moment où ces derniers n’entrent plus dans le mail, nous sommes tous dans une situation délicate. Après deux mois, je dénote déjà une baisse de plus de 15% de mon chiffre d’affaires ».

M. Dubois confesse avoir investi un demi-million de dollars il y a cinq ans pour agrandir son commerce, le faisant passer de 5000 à 7500 pieds carrés. « Avoir su, je n’aurais jamais effectué ces travaux. Je me serais acheté une bâtisse et j’en serais aujourd’hui propriétaire. Si la direction ne fait pas quelque chose rapidement pour corriger le tir, les petits commerçants vont partir. On est rendu un centre communautaire. Le seul local qui a été loué dernièrement le fut par les Bâtisseurs, une compagnie qui bâtit une résidence pour les personnes âgées. Je n’ai rien contre cela, mais ce n’est pas une façon de stimuler l’économie dans un centre d’achats ».
Les gros
M. Dubois se rappelle les bons moments, alors que tous les commerçants, même le Metro, avaient une sortie dans le mail central. Puis les permissions pour les sorties extérieures ont commencé, justement par le Metro.
« Les touristes en provenance du 3-Canards, de La Remontée, du Manoir et autres commerces prospères du temps venaient chez Metro, Canadian Tire ou à la Société des alcools puis prenaient le temps de faire des emplettes dans le Centre Charlevoix. Puis l’accès extérieur a été donné et celui qui a fait le plus mal est le Dollorama, avec son mur. Notre compétition vient de partout aujourd’hui, même de l’Internet. Si les dirigeants ne font pas quelque chose rapidement, le centre d’achats s’en va à l’agonie. Si on se tenait un peu dans l’est de Charlevoix, on a tout pour réussir. Le Manoir, le Casino, le Mont Grand-Fonds attirent les gens. Mais avec une telle décision, ils ne font rien pour nous aider à les faire entrer ici, ils nous font plutôt mal », analyse le franchisé, dont la bannière appartient à Canadian Tire. « C’est d’ailleurs eux qui vont procéder à la négociation de la nouvelle entente. Je suis à 5 ans d’un bail de 10 ans et c’est certain qu’il faut qu’il se passe des choses. J’ai une belle entreprise qui emploie 15 personnes. Il faut réaliser des profits pour rester en affaires ».
Livraison
M. Dubois s’explique mal que des cônes orange doivent être placés dans le stationnement à l’entrée pour procéder aux livraisons à la SAQ ou au Dollorama. « Comment pensez-vous qu’ils vont gérer le stationnement cet été ? Pensez-vous qu’ils vont recevoir les livraisons de nuit? Avec les employés qui occupent déjà les espaces devant le centre d’achat, à qui donnons-nous accès au Centre Charlevoix ? », questionne M. Dubois.
Celui qui travaille depuis 34 ans à cet endroit ne souhaite qu’une chose aujourd’hui : redresser la barre rapidement. Sinon, il sera difficile de rectifier le tir.
 

Partager cet article