20 ans pour Le Charlevoisien

Par Eric Maltais 5:06 PM - 8 mars 2017
Temps de lecture :

Paul Brisson, vous connaissez? Passionné de l’information, ce professeur d’histoire natif de la Côte-Nord a navigué pendant près d’un demi-siècle dans le milieu de la presse au Québec, dont en Charlevoix où il a agi comme propriétaire discret. Son histoire, somme toute savoureuse, lui a permis d’être couronnée de succès parce qu’il a toujours su écouter ses associés.
« Le Charlevoisien, c’est Charles Warren et Guy Charlebois. Ils ont bâti ce journal. C’est aussi parce que notre imprimeur était notre… banquier! Sans cela, nous n’aurions pas connu le succès que nous avons obtenu », s’est rappellé M. Brisson lorsqu’il a été appelé à nous raconter comment il a vécu cette aventure.
« Mon premier journal, je l’ai lancé en 1968 sur des feuilles 8 ½ par 11 à 1200 copies à Forestville. Je distribuais trois circulaires, dont La Baie d’Hudson, pour défrayer les coûts de distribution. On vendait un huitième de page pour 2,40$. Puis en 1970, j’ai lancé le journal Plein-Jour de Saguenay qui se rendait jusqu’à Tadoussac. En 1974, j’ai ajouté du tirage pour inclure la MRC de Charlevoix-Est et l’appeler le Plein-Jour de Charlevoix Saguenay. Mais les gens m’ont vite fait comprendre qu’ils ne voulaient rien savoir du Saguenay », se remémore cette icône de la presse régionale qui a présidé le regroupement des journaux Hebdos Québec pendant 8 années.
À La Malbaie, Charles Warren amorce alors sa carrière comme journaliste et Nicole Rochefort, comme vendeuse. C’est un jeune bohème de la grande ville, Guy Charlebois, qui obtiendra le mandat de vendre l’ouest de Charlevoix.
« Le point tournant a été lorsque j’ai rencontré Charles pour lui dire que je fermais le journal car les ventes n’étaient pas au rendez-vous. Il y avait une seule solution. Je croyais en Charles alors je lui ai demandé de mettre un terme à sa carrière journalistique pour qu’il prenne en charge les ventes et assume la direction du journal. Il avait ce potentiel même s’il ne se voyait pas là. Il a finalement accepté et le Plein-Jour a pris son envol », ajoute-t-il.
M. Brisson note aussi qu’il faisait face à une très forte compétition avec Le Confident, un bi-mensuel vendu avec une information d’une exceptionnelle qualité: « Si Marcel Guay avait cru dans les journaux gratuits et avait effectué le virage en publiant de façon hebdomadaire, nous n’aurions pas passé. Mais il n’y a pas cru et avait écrit dans son édition lorsque nous sommes arrivés : “Connaissant la valeur touristique de Charlevoix, nous souhaitons un agréable séjour au journal Plein-Jour” ».
Amusé, M. Brisson dit n’avoir jamais oublié cette citation. Jusqu’en 1980, il était l’unique propriétaire de journaux de Petite-Rivière-Saint-François à Sept-Îles. Ses hebdos, il les a tous vendus à Québécor. Pierre Péladeau l’a nommé directeur régional et tous sont devenus des employés de Québécor.
Information de qualité

Le secret pour qu’un hebdo survive aux générations demeure d’être à l’écoute de la population et de livrer une information de grande qualité. Depuis toujours, Paul Brisson a misé sur les nouvelles pour séduire son lectorat.

« Nous avions engagé Léo Simard, un professeur de français très solide en histoire, Thérèse Legendre, qui était correspondante pour Le Soleil. À l’époque, nous avions des collaborateurs dans tous les petits villages et les gens des clubs sociaux et autres nous envoyaient des messages pour une publication, bien souvent avec des 5 $ et des 10 $ dans l’enveloppe pour s’assurer qu’on les passe », rigole-t-il.
« Le Plein-Jour a vite gagné en crédibilité parce que nous avons toujours misé sur une information de grande qualité. Aujourd’hui, si tu veux être lu, tu dois produire des textes courts. Mais ici dans Charlevoix, la mentalité est plus intellectuelle, le niveau culturel est beaucoup plus développé. C’est pourquoi il faut s’assurer d’avoir des gens du milieu qui connaissent les besoins des gens ».
Les problèmes de Paul Brisson ont commencé en 1995 lorsqu’il a éprouvé des difficultés financières avec les entreprises qu’il avait lancées afin de se protéger de l’après Québécor. « Je sentais que le tapis me glissait sous les pieds. J’ai été congédié en novembre 1995, puis Charles l’a été en décembre, tout comme mon associé de Forestville, mon frère Luc Brisson. C’est alors que nous avons répété l’expérience en relançant des journaux, à commencer par Forestville avec Luc en février et Charlevoix avec Charles en mars », confie-t-il, précisant que Guy Charlebois avait décidé de les suivre.
Famille Desmarais
Les débuts ont été difficiles. Les gens de la place se mesuraient à un géant en ce qui a trait à la compétition. « Ce qui a été extraordinaire pour nous, c’est que notre imprimeur est devenu notre banquier. J’ai rencontré Claude Gagnon, éditeur pour Le Quotidien — aujourd’hui cofondateur du groupe de presse Capitales Médias avec Martin Cauchon, originaire de Rivière-Malbaie — pour lui indiquer que je voulais lancer des journaux mais que j’aurais des problèmes de liquidités. Il m’a répondu simplement : “Tu nous paieras quand tu pourras ».
« Sans l’appui de la famille Desmarais, parce que nous traitions avec l’organisation de Chicoutimi, nous n’aurions pu livrer la même bataille. Le Charlevoisien a toujours eu beaucoup de succès, étant “Hebdo de l’année” à maintes reprises. Mais les véritables artisans, ce sont Charles Warren et Guy Charlebois. Les gens des régions savent gérer leur milieu et votre région a toujours été très stable pour nous. J’étais majoritaire, mais les opérations appartenaient à mes gens. La présence locale est essentielle », conclut-il.
Aujourd’hui, Paul Brisson vit une retraite paisible mais reste toujours à l’affût des développements. Il a vendu ses parts à deux de ses trois garçons. Depuis, Simon Brisson a racheté son frère et agit comme associé avec Charles et Guy dans Charlevoix. Il gère selon le même principe opérationnel que son paternel, sous la dénomination Les Éditions Nordiques.
 

Partager cet article