Sociofinancement 101

Par Emelie Bernier 10:12 AM - 22 février 2017
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Charles-Henry avec ses parents, Martin et Claudia.

Charles-Henry est un magnifique petit homme des montagnes, né l’été dernier, et qui a déjà son lot de batailles au compteur. Comme un guerrier, il a affronté, et vaincu, la méningite, une sale maladie qui aurait très bien pu gagner la guerre. La vilaine, sans doute frustrée d’avoir ainsi été terrassée, a quand même emporté un précieux butin: l’ouïe de Charles-Henry.
Alors voilà un petit bonhomme minuscule, qui a entendu depuis sa naissance la voix de ses parents et de ses grandes sœurs, le chant des oiseaux, la musique, même le vrombissement des électros, pris dans une bulle de silence.
Quand le choix a été donné aux parents de procéder à une délicate intervention qui permettrait presque sans doute à Charles-Henry de retrouver l’usage de ses deux oreilles grâce à des implants cochléaires, ceux-ci n’ont pas hésité. Malgré tout ce que cette intervention impliquait. Dont quelques mois loin de la maison, à assister leur minuscule Charles-Henry dans sa nécessaire réadaptation. Ça, ça veut dire ne pas travailler pendant la durée du processus. Ne pas travailler, si on doit vous faire un dessin, c’est aussi ne pas avoir de revenus.
Parce qu’on est en 2017, une amie de la famille de Charles-Henry a eu l’idée d’avoir recours au sociofinancement pour payer une partie des frais encourus comme la location, durant quatre mois, d’un appartement en ville. Et le mot solidarité prend tout son sens quand on voit que la campagne porte fruit et qu’à mesure que les deniers s’accumulent, une partie du stress de la famille s’estompe.
Il n’y a pas de miracle, cette période sera quand même intense pour la famille. Pour les grandes sœurs qui devront se passer de maman pendant un bout de temps et qui se feront sans doute du souci pour leur bébé frère. Pour papa qui devra mettre les bouchées doubles tout en vivant avec l’absence quotidienne de sa douce et de son petit homme. Pour maman qui, loin de chez elle, de ses repères et de sa famille, consacrera tout son temps à son bébé parce que c’est la seule chose à faire quand on aime comme on aime!
Leur amie Mary-Pyer leur a créé un profil sur la plateforme GoFundMe. Une visite sur le site donne souvent envie de pleurer, mais aussi de casser son cochon pour soutenir le combat de Léa, Alexy, Félix contre la maladie.
Outre les familles qui comme Claudia et Martin font appel au sociofinancement pour les supporter durant une période difficile, on trouve une panoplie de causes à soutenir sur les plateformes comme GoFundMe, La Ruche, Haricot, Ulule et autres Yoyomolo.
Le parrainage d’un étudiant syrien (laruchequebec.com/universitelaval/parrainage-etudiant-syrien-2310). La reconstruction d’une maison rendue inhabitable par la mérule pleureuse (gofundme.com/lamaisonritjaune). Le soutien à une campagne menée par des enfants afin que les produits contenant des organismes génétiquement modifiés (OGM) soient enfin étiquetés comme tel (gofundme.com/KidsRightToKnow). Un brin d’encouragement pour les parents de Mya et Samuel, atteints de granulomatose septique chronique, et qui devront subir une délicate greffe de moelle osseuse (yoyomolo.com/un-brin-despoir-mya-et-samuel). Des jeunes qui veulent financer leur voyage humanitaire. Des jeunes entrepreneurs qui ont besoin d’un coup de pouce pour se lancer. Des organismes caritatifs qui voudraient réussir à répondre aux besoins de leur clientèle. Il y a du beau, du touchant, de la volonté et beaucoup d’énergie dans tout ça.
Mais est-ce que toutes les causes sont bonnes à sociofinancer?
La chanteuse Annie Villeneuve a tenté sa chance sur une de ces plateformes et la volée de bois vert qu’elle a reçue suggère que non. Sociofinancer la production d’un album quand on est une artiste à succès et qu’on court les galas, ça passe moyen.
Ramasser des dons pour faire soigner son chat? Issh… Un peu gênant, quand Minette prend la pause à côté de la petite Léa, 3 ans, qui dort plus souvent à l’hôpital que chez elle, prend 21 médicaments par jour et a subi des traitements aux noms effrayants comme des gastroscopies et une reconstruction de la gorge… Les fonds serviront à acheter une pompe portative de gavage pour qu’elle puisse sortir de la maison pour aller ailleurs qu’à l’hôpital (gofundme.com/pour-le-sourire-a-lea).
J’aime les animaux, croyez-moi, mais entre Léa et Minette, il y a un monde qui s’appelle l’humanité.
Et entre le détartrage et la mise en pli de Fido et la remise en état des belles petites oreilles du mignon Charles-Henry, je choisis Charles-Henry.

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