Franchises de Postes Canada dans les commerces: des impacts pernicieux

Par Emelie Bernier 12:33 PM - 16 Décembre 2016
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La pharmacienne propriétaire Marie-Pier Labbé n’a jamais voulu entrer en conflit avec les bureaux de poste.

Vous profitez de votre passage à la pharmacie du coin pour vous arrêter au comptoir postal qui s’y trouve et envoyer un colis à un de vos proches. Ce faisant, vous adoptez un comportement qui risque d’avoir un impact négatif à moyen terme sur le bureau de poste de votre municipalité. Chantal Guillemette, présidente section du Québec pour l’Association Canadienne des Maîtres de Poste et adjoints, vous explique pourquoi
Par Émélie Bernier
Depuis une dizaine d’années, les comptoirs postaux ont fait leur entrée dans certains commerces, principalement des pharmacies. «Ça s’est fait plutôt dans un boum il y a une dizaine d’années, mais les impacts sont sur le long terme. L’argument de Postes Canada, c’est qu’il y aura plus d’heures d’ouverture, de stationnement pour la clientèle, mais c’est plutôt bidon…Ils voulaient se donner une autre place pour faire des affaires. Ils n’ont pas à payer le loyer, ne paient pas les employés, ils ont plein d’avantages au niveau monétaire!», explique Mme Guillemette.
Même s’ils sont insidieux, les impacts sur les bureaux de poste ne sont pas négligeables. « Clairement, ils enlèvent du travail dans nos bureaux. Souvent, c’est pernicieux. Tranquillement, les clients adoptent la franchise, car c’est une nouvelle forme de service qui répond à leur besoin. Dans les bureaux de poste, les revenus, les achalandages baissent et lorsqu’arrive un poste vacant, ils nous envoient un beau rapport qui confirme qu’ on traite moins de transaction. Souvent, ils vont carrément abolir le poste et ils en profitent pour changer les heures de services, pour les diminuer. C’est un engrenage! Et comment voulez vous qu’on donne du service si on est fermé? »
Chez Postes Canada, on justifie la présence des comptoirs postaux hors bureaux de poste de façon plutôt laconique. « Cela fait plusieurs dizaines d’années que nous travaillons en partenariat avec les entrepreneurs pour offrir d’autres comptoirs postaux. Les comptoirs postaux franchisés permettent à nos clients d’accéder à nos services avec une plus grande flexibilité », répond Philipe Legault, des Relations avec les médias de Postes Canada.
Chantal Guillemette relève quelques incongruités qui devraient inquiéter les consommateurs. « Les gens dans les franchises ne sont pas des employés de Postes Canada. Ils ont des petites formations de base! Nous, on se met constamment à jour et les employés de Postes Canada ont tous une cote de sécurité. C’est ce deux poids,deux mesures qu’on déplore », indique-t-elle.
Elle ne vise pas les employés qui doivent travailler dans les franchises. «Ils n’ont pas la rétention de personnel dans les pharmacies que nous avons à Postes Canada. Il y a des étudiants qui travaillent très bien, mais qui en travaillant quelques heures par semaine, n’ont pas le temps d’approfondir. Souvent, les franchises n’offrent que de petits coins pour travailler et les gens qui passent par là sont capables de toucher au colis! Où est la sécurité? »
Le sceau Postes Canada des franchises crée plusieurs situations désagréables. « Souvent, dans régions, les employés des franchises et les maîtres de poste, on se connaît. En cas de problème, de doute, ils vont nous appeler pour nous poser des questions… En leur répondant, on se tire dans le pied. C’est dommage, mais ce n’est pas notre travail de les former », se désole Mme Guillemette. Et étrangement, un client insatisfait du service dans un comptoir franchisé appellera… au bureau de poste pour se plaindre! « Et ce, même si on n’a ni vu ni manipulé le colis en question! »
Il n’y a pas vraiment de solution simple, dit Mme Guillemette qui jongle avec l’idée d’un appel au boycott des commerces qui offrent des franchises Postes Canada pour les membres de son association,
« Je suis nouvellement en place, mais au cours de l’année, je vais essayer de rallier les membres
Malheureusement, nos cibles devront être les pharmacies. Il y a 2200 employés membres de l’ACMPA au Québec.

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