Caroline Simard n'a rien perdu

Par Dave Kidd 3 février 2016
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Si la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré avait accédé au Conseil des ministres, je me serais sans doute étouffé en avalant une gorgée de mon café! Parce que les astres n’étaient tout simplement pas alignés pour qu’elle roule en limousine cette année. 
Le premier ministre Philippe Couillard voulait accorder la priorité aux jeunes, aux femmes et aux élus des régions. À cet égard, Caroline Simard répond aux critères. Le hic : la région de Québec. Des rouges, il en pousse aux alentours du Château Frontenac. 
La députée Caroline Simard partait donc avec deux prises contre elle. Son seul espoir, dans ce contexte, reposait sur la représentativité féminine au Conseil des ministres. À partir du moment où le premier ministre ramenait Julie Boulet sur le banc, il misait sur l’expérience. Dominique Anglade, ex-présidente de la Coalition Avenir Québec (CAQ), avait un siège réservé et Rita de Santis a vu ses espoirs se concrétiser.  
Philippe Couillard n’a pas oublié Mme Simard, celle qui a infligé un revers à l’ex-chef du Parti québécois, Pauline Marois. Obtenir les responsabilités d’adjointe parlementaire du premier ministre pour les volets jeunesse, petite enfance et lutte à l’intimidation a été sa récompense. Pour un début de carrière politique, c’était prometteur. 
Mais la première partie de son mandat ne lui a pas permis de se démarquer autant qu’elle l’aurait souhaité. Elle a connu un excellent départ alors que trois semaines après les élections, Philippe Couillard et le ministre Laurent Lessard venaient à Clermont pour une annonce concernant la hausse des investissements en forêt.   
La suite a été plus difficile. Depuis, la députée fait face à une série de fermetures combinée à l’austérité ou, selon le terme que préfèrent les libéraux, la rigueur budgétaire. C’est bien connu, quand ça ne va pas bien, le peuple réclame l’aide du gouvernement. Elle s’est démenée justement pour en trouver, de l’aide, et Charlevoix en action a vu le jour.  
Mais Caroline Simard n’a pas réglé un dossier qui lui aurait permis d’attirer l’attention des hautes instances. C’est d’un coup d’éclat dont elle avait besoin pour faire écarquiller les yeux du premier ministre. Il ne s’est pas produit. Ça prend un peu de chance aussi. En politique, le momentum est important. Même si elle avait réussi à implanter le centre d’entraînement de Ski-Québec au Mont Grand-Fonds, cela aurait été insuffisant.  
L’équipe ministérielle lui a donné une belle visibilité en lui laissant annoncer des investissements importants comme chez SITEC. Elle a inauguré le projet très connu de modernisation des équipements du parc national des Grands-Jardins.  
La veille du remaniement, elle se disait sereine. Le jour J,  elle n’était pas déçue et ajoutait que « c’est un grand privilège d’être députée ». Des réponses parfaites. Le PM ne pourra lui reprocher de manquer de loyauté ou d’avoir fait une crise de vedette. Ses électeurs ne diront pas qu’elle est une carriériste. 
Ainsi, 22 mois en politique c’est à la fois court et long. La députée est présente dans son comté et sur les médias sociaux. Sa carrière commence à peine et depuis les élections, tous les partis lui laissent toute la glace. Elle peut faire le solo de son choix. Le PQ, sauf à une ou deux occasions, la CAQ et QS n’ont pas critiqué son travail. 
Le député Pascal Bérubé, ancien ministre du cabinet Marois, écrivait sur Twitter, la journée du remaniement : « S’il vous plait, l’expression “simple député” est vraiment réductrice du travail important des parlementaires. Ce n’est pas si simple ».  
Il a parfaitement raison. L’équilibre entre la promotion des idées du parti et la défense des dossiers régionaux, le pouvoir réel versus celui dont les électeurs croient qu’il dispose, la présence dans le milieu et à l’Assemblée nationale composent le quotidien d’un député.  Ce n’est pas simple. C’est un sport extrême qui demande beaucoup d’humilité et d’abnégation pour durer et atteindre le sommet! 

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