Le pouvoir de l’amour

Par Dave Kidd 8 juillet 2015
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Annick Tremblay a été la première femme au pays et la 30e au monde à subir une greffe du poumon de donneurs vivants. C’est arrivé le 10 mai 1995, dans un hôpital de Los Angeles. Vingt ans plus tard, elle se porte à merveille et est toujours aussi reconnaissante envers ses frères Joël et Donald qui lui ont sauvé la vie.

Bébé Annick n’avait que 9 mois lorsque ses parents ont appris des médecins qu’elle était atteinte de la fibrose kystique. Elle a été hospitalisée pour la première fois à l’âge de 9 ans.  Annuellement, elle passait d’une à deux semaines à l’hôpital pour recevoir des traitements aux antibiotiques. À l’âge de 20 ans, les médecins lui « donnent deux ans à vivre ». La suite de l’histoire  est « miraculeuse », avoue-t-elle.

« J’ai demandé une greffe », rappelle Annick Tremblay. Une batterie de tests et d’examens ont suivi pour qu’elle soit inscrite sur la liste d’attente. Elle doit même déménager à Montréal pour être près de l’hôpital. Après l’annonce de son intention à sa famille, son frère Joël manifeste sa volonté de lui donner un lobe d’un de ses poumons. « J’ai refusé », dit-elle. Après 7 mois et demi sur la liste d’attente et avec un état de santé qui se détériorait, son autre frère, Donald, et sa mère passent des tests de compatibilité. Tout est concluant. L’opération peut se faire.

Le 8 mai 1995, Annick et ses frères arrivent à Los Angeles. L’intervention se déroule deux jours plus tard. « J’ai toujours été convaincue que ça marcherait. Je le savais », dit-elle.

« Mes frères m’ont sauvé la vie. Ils sont toujours avec moi. Je respire normalement grâce à eux. Je ne sais pas s’ils se rendent vraiment compte de ce qu’ils ont fait. C’est quasiment miraculeux mon histoire. L’intervention s’est bien déroulée et j’ai récupéré rapidement. J’étais en forme comme jamais auparavant à mon retour des États-Unis », raconte Annick Tremblay en entrevue.

Donald et Joël Tremblay étaient eux aussi confiants de voir la greffe réussir. « L’expertise de l’équipe médicale de Los Angeles n’inspirait aucune crainte pour moi. Je suis positif dans la vie, mais je ne pensais pas qu’elle aurait une pareille forme après l’intervention », mentionne Donald.

Joël, qui a offert son poumon en premier, estime que « tout le monde l’aurait fait. La décision était facile à prendre ». Il mentionne aussi que son don a fait une différence, mais « qu’un don de sang est aussi très important parce qu’il peut sauver plus d’une vie ».

Elle est aussi reconnaissante envers la population. Une levée de fonds avait été organisée pour aider la famille à couvrir les frais pour se rendre aux États-Unis. « J’ai habité à Montréal pendant un an. Des gens de Saint-Hilarion que je ne connaissais que de vue sont venus me visiter pour m’encourager. Je ressentais toujours l’appui de la région », s’est-elle souvenue.

Annick Tremblay mène une vie normale depuis son opération. Elle s’est mariée avec Hugues Simard et 18 mois après sa greffe, elle donnait naissance à Mylène. Elle a aussi adopté Zachary et Laurie. Tous trois  sont respectivement âgés de 18, 15 et 11 ans. « Tout ce que je ne peux pas faire, c’est de la plongée sous-marine. Ça tombe bien, je n’aime pas ça », dit-elle en riant.

La « miraculée » tenait à souligner les 20 ans de sa greffe pour honorer ses frères et aussi pour sensibiliser à l’importance du don d’organes. « Il faut singer la carte et le dire à sa famille pour éviter des situations problématiques. Des changements dans les procédures pour certains cas seraient aussi souhaitables », pense Annick Tremblay.

Avec du recul, elle se considère « excessivement chanceuse ». Elle croit au destin et croit encore plus que jamais que l’important, c’est la santé et la famille. « Le reste, ce n’est jamais grave ». 

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