En souvenir des événements de 1759

16 septembre 2009
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Le 12 septembre dernier, la Ville de La Malbaie a commémoré les événements tragiques de 1759 suivant la Conquête. À l’exemple de plusieurs autres municipalités de la Côte sud et de Québec, la journée était au recueillement et à l’histoire sous le thème À la mémoire des feux. Une vingtaine de personnes ont pris part au souper communautaire sur le terrain du Musée de Charlevoix, à la lecture du texte commémoratif et au feu de la renaissance organisé par la Ville. Plus tôt, une messe a permis de rappeler le courage des familles qui ont vécu les événements suivant la Conquête alors que les fermes ont été incendiées et que femmes et enfants ont dû se réfugier dans les bois. L’Hebdo Charlevoisien publie le texte commémoratif, écrit et lu par l’historien Serge Gauthier lors de cette soirée rappelant les événements de 1759.

 

‘Gens de La Malbaie, Gens de Charlevoix,

Prenons le temps d’évoquer cette veille du 13 septembre 1759, il y a 250 ans aujourd’hui, alors que la force d’invasion Britannique remportait la bataille des Plaines d’Abraham à Québec.

Prenons le temps de nous rappeler que durant les mois précédant cet événement, nos ancêtres français tentèrent tant bien que mal, avec leurs pauvres moyens, de résister à l’envahisseur. C’était la guerre de Sept Ans alors, avec son lot de souffrances et de misères. Certains des nôtres se battirent courageusement, d’autres se cachèrent avec femmes, enfants et animaux jusque dans les forêts entourant la Baie-Saint-Paul dans des abris de fortune appelés «des cabanes». Ils y connurent la famine et l’inquiétude constante d’y être attaqués. Ils avaient peur, ils avaient faim, le temps était terrible en cet «été de guerre» de 1759.

Et puis l’Anglais est venu. Il était conquérant et par tous les moyens possibles il voulait combattre et éliminer toute résistance. Il détruisit alors par le feu tant les habitations que les édifices publics que ce soit sur la rive sud ou sur la rive nord. Il était sans pitié et c’était la guerre, bien sûr. Au moins deux des nôtres furent tués par les Anglais : un Tremblay et un autre nommé Charles Desmeules. L’incroyable homme fort Jean-Baptiste Grenon résista et les Anglais durent le relâcher à  cause de sa puissance physique. Que d’actes de courage, que de gestes loyaux et remplis de fierté furent alors posés par nos ancêtres. L’histoire ne les a pas tous retenus mais nous les soulignons quand  même ici ce soir.

Souvenons-nous qu’à La Malbaie, tous les bâtiments existants en 1759 furent détruits. Toutefois, la population, des engagés au service du Domaine du Roi, avaient déjà quitté les lieux. Il faudra attendre quelques années après la Conquête, avec la venue de seigneurs écossais en 1761, pour que La Malbaie soit à nouveau peuplée. Notons aussi qu’en 1759, toute la côte habitée du Charlevoix d’alors (Les Éboulements, Baie-Saint-Paul, Petite-Rivière) fut incendiée. Nos ancêtres perdirent leurs biens, leurs habitations et tellement plus en perdant cette guerre de Conquête.

Alors, gens de La Malbaie, gens de Charlevoix, les gens d’ici ont rebâti. Ils n’ont pas laissé leur pays mourir. Les femmes courageuses, tout particulièrement, ont tenu le fort avec cet esprit de reconquête qui nous a sauvé. Et le pays a continué et le pays est encore là sous nos yeux, bien vivant dans Charlevoix.

Gens de La Malbaie, gens de Charlevoix, le temps n’est plus aux larmes mais à l’espoir. Les nôtres de 1759 sont toujours vivants avec nous si nous le voulons aujourd’hui et en les évoquant ils reviennent, il me semble, nous dire d’espérer, de croire en l’avenir, de ne pas laisser la défaite tout défaire.

Accordons-leur un moment de silence, accordons-nous un temps de réflexion à nous aussi, nous sommes bien là pour dire que rien n’est perdu et que nous sommes les descendants d’hommes et de femmes bien enracinés dans une terre d’ici qu’il nous appartient encore et pour toujours d’aimer et de faire grandir ici à La Malbaie, en ce pays de Charlevoix et du Québec. ( Serge Gauthier, 12 septembre 2009, La Malbaie)’

 

 

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