Le pont et ses impacts environnementaux

Par Jean-Sébastien Tremblay 9:26 PM - 23 mars 2018
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Par Paul O’Neill
La possibilité de la construction d’un pont sur le Saguenay suscite peu de réactions de la part des organismes de protection de l’environnement. Il faut dire que le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) n’a pas encore tenu d’audience formelle sur la construction de ce pont et n’a donc encore jamais invité les organismes et les citoyens à faire part de leurs commentaires et préoccupations sur le sujet.
Certains points sont tout de même soulevés, mais selon le vice-président de la Société du pont sur le Saguenay, Pierre Breton, les objections de nature environnementale proviennent essentiellement des armateurs et de la Société des traversiers du Québec qui tiennent à maintenir les emplois et l’activité économique générés par l’exploitation et la construction des traversiers. Une préoccupation confirmée par le maire de Tadoussac, Charles Breton, qui a déclaré, il y a quelques semaines, être sensible à la réalité des travailleurs de la Société des traversiers du Québec et aux retombées économiques engendrées par cette importante institution dans le milieu. Il a ajouté qu’il s’attendait à des mesures compensatoires pour les travailleurs des traversiers s’ils sont remplacés par un pont dans quelques années.
Les arguments des opposants à un pont portent sur les habitats des rapaces et des cétacés, les aires à protéger, comme les battures, les baies et les dunes, la perte d’usage des terres agricoles et la perturbation du paysage.
À propos de l’habitat des rapaces, Pierre Breton admet qu’il est effectivement possible qu’un certain nombre de nids de rapaces doivent être déplacés, comme ce fût le cas, notamment lors de la construction du pont de la Confédération. Dans le cas des cétacés, il affirme : « Tous les intervenants sont d’accord pour dire que le dérangement occasionné par le bruit constant, le va-et-vient incessant et les inévitables déversements d’hydrocarbures des traversiers sont de loin plus nuisibles aux bélugas et aux rorquals qu’un éventuel pont. » Pour ce qui est des battures, des baies et des dunes, le dernier projet de pont traversant à la hauteur du Cap de la Boule évite totalement les dunes et traverse les battures juste en amont des lignes de transport d’Hydro-Québec. Toujours selon M. Breton, la perte d’usage de terres agricoles sera minime, même si la route d’approche emprunte le chemin des Loisirs à Baie-Sainte-Catherine et le rang Saint-Joseph à Sacré-Cœur. Enfin la perturbation du paysage causée par un pont érigé en amont des pylônes d’Hydro-Québec sera plutôt négligeable.
Une autre objection de nature plus sociale porte sur une possible déstructuration urbaine. Dans son mémoire, le Consortium Naturam-Génivar qui a réalisé l’étude de 1999 sur la construction d’un pont rejette ainsi l’argument de la déstructuration urbaine : «Le fait de relier le village de Sacré-Cœur, principale communauté de l’estuaire du Saguenay à la municipalité de Baie-Sainte-Catherine par un pont permettra d’assurer l’avenir des trois villages de l’estuaire et de développer une masse critique pour mieux occuper le territoire ».
Jusqu’à maintenant, les préoccupations de nature environnementale ont été exprimées en plus grand nombre lorsque le BAPE a tenu des audiences sur le projet de construction d’un duc-d’Albe pour l’amarrage de nuit des nouveaux traversiers qui doivent être construits, des traversiers plus gros qui suscitent plus d’inquiétudes pour les mammifères marins que la construction d’un pont.

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