Il manque au moins 250 places en garderie

Par Emelie Bernier 5:05 AM - 14 mai 2024 Initiative de journalisme local
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Les places en garderie sont très convoitées dans Charlevoix.

Travailleurs qui songez à fonder une famille, sachez qu’il n’est pas assuré que vous puissiez réintégrer votre emploi après votre congé de maternité ou de paternité. Les listes d’attente pour une place dans une des garderies de Charlevoix comptent déjà des centaines de noms. Et la situation ne s’améliorera pas à brève échéance.

Dans Charlevoix-est, nombreuses sont les familles qui attendent une place en garderie pour leur enfant, voire leurs enfants, explique Marie Eve Lapointe, directrice adjointe aux installations du CPE Pignons sur rue (Clermont et La Malbaie).

« Au total, présentement, j’ai 127 noms sur ma liste pour les installations de Malbaie et Clermont en petite enfance », dit-elle. Ce nombre n’inclut pas les parents qui préfèrent le modèle des services de garde en milieu familial, puisque chaque responsable gère son recrutement.

« C’est certain que plusieurs familles vont mettre les noms de leurs enfants sur la liste dans les installations et dans les services de garde en milieu familial. On a aussi des parents qui se mettent sur la liste d’attente et ne sont pas nécessairement encore dans la région», ajoute Mme Lapointe.

Des projets de déménagement tombent à l’eau, faute de place en garderie, notamment.

Les places dans la catégorie « poupon » sont les plus convoitées. « Il y en a 49 sur la liste d’attente. Je suis en plein recrutement et j’ai seulement 25 places à donner. Il va y avoir encore la moitié des poupons qui n’auront pas de place, et ce, malgré nos agrandissements », résume la directrice adjointe.  

La  nouvelle installation du CPE à Clermont sera prête à accueillir les enfants cet été. On ignore la date officielle, mais quoi qu’il en soit,  la liste d’attente demeurera longue, très longue.

« À Clermont, on a 39 places et on en ajoute 36 de plus pour un total de 75 avec notre agrandissement. Si on soustrait 36 de notre liste de 127, il reste encore plus de 90 noms… », indique Mme Lapointe.

Dans l’ouest aussi

À Baie-Saint-Paul, la situation n’est guère plus reluisante. 131 enfants sont inscrits sur la liste d’attente de la Garderie du coin, dont Pierre Larouche est le directeur général.

«131, ce sont les enfants qui sont nés et en attente d’une place, mais j’ai aussi une catégorie « pré inscription », c’est-à-dire des mamans enceintes qui ont déjà inscrit leurs bébés. Il y a 35 noms sur cette liste », résume celui qui est également actionnaire de la Garderie Jaune Forêt. Les places de cette garderie, qui a ouvert ses portes en août dernier, ont été comblées en moins de temps qu’il n’en faut pour crier ciseau.

La garderie Jaune Forêt a été livrée en un temps record. Cette photo a été prise en juin 2023. L’inauguration avait lieu 2 mois plus tard. Photo archives

Les places ont été accordées par le ministère en février et 6 mois plus tard, les enfants découvraient leur nouvel environnement. «Réaliser un projet de CPE ou de garderie, normalement, ce n’est pas 6 mois, c’est deux ans.  Jaune Forêt, c’est exceptionnel : on avait le terrain, les plans, l’entrepreneur… », rappelle toutefois Pierre Larouche.

Une annonce du ministère de la Famille serait bienvenue, mais ne règlerait pas le problème à courte échéance. « Même s’ils ouvraient 60 nouvelles places demain, on serait dans le pétrin pendant 2 ans! Le ministère (de la Famille) n’anticipe pas les besoins, il est toujours à la remorque », déplore-t-il.

La Goélette enchantée compose pour sa part avec une liste d’attente de 176 enfants, indique sa directrice Sandra Fortin. «Et le ministère mentionne qu’il n’y a aucun déficit de place à Baie-Saint-Paul….C’est assez bizarre! », commente-t-elle.

Les impacts sont non négligeables dans la communauté, évoque pour sa part la directrice générale du CPE bureau coordonnateur du Soleil à la Lune, Mélanie Mckenzie. Ce CPE ne dispose d’une seule installation, à l’Isle-aux-Coudres, et coordonne davantage de services de garde en milieu familial.

« Si je me base sur les appels qu’on a, il y a de nombreux parents qui cherchent! Et on a des échos d’employeurs qui doivent composer avec le fait que les mères, parce que c’est souvent elles qui vont rester à la maison, ne peuvent pas  revenir au travail comme prévu!», résume Mme Mckenzie.

Pierre Larouche estime que les parents n’ont pas énormément d’options, s’ils ne trouvent pas de place en garderie pour leur progéniture.

« Certains,  tant qu’à rester à la maison, vont choisir de compléter leur famille, de faire 2 ou 3 enfants. D’autres vont s’arranger en travaillant à la maison, avec l’aide des papis, des mamies, mais ça fait un temps. Et un problème se pose pour les nouveaux arrivants qui ne peuvent pas s’appuyer sur ce réseau de proximité. Le manque de place en garderie est clairement un frein à l’ouverture de recevoir des nouvelles familles de façon durable ! », conclut-il.

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