1er mai 2023 : « une tempête parfaite », dit Philippe Bourdon
Philippe Bourdon est venu expliquer que tous les éléments étaient réunis le 1er mai 2023.
C’est une « tempête parfaite » qui a causé les inondations du 1er mai 2023 dans Charlevoix. C’est ce qu’est venu expliquer Philippe Bourdon, géographe et spécialiste en hydrogéomorphologie, consultant auprès de la Ville de Baie-Saint-Paul, à l’enquête publique du coroner sur le décès des deux pompiers de Saint-Urbain.
Il a été interrogé sur son rapport alors qu’il a participé aux mesures d’urgence. Son travail documente l’événement avec ses causes et conséquences. « 80 mm de pluie tombent aux deux ans. En 2023, 162 mm sont tombés sur la ville. En montagne, on parle de 245 mm. La cellule orageuse s’est accrochée aux montagnes », expose-t-il.
Ses observations font état de 36 mm de pluie en trois heures sur le coup de 11h, le 1er mai. Dans les montagnes, ça a frôlé les 55 mm en trois heures avec 18 mm/h dans le pic, selon l’analyse des données radar. La fonte des neiges et les 60 mm de pluie reçus la semaine précédente ont donc exacerbé le phénomène. « Le mètre de neige qui restait en forêt a donné un 20 mm d’eau additionnel », a mentionné Philippe Bourdon.
« On s’est vraiment approché d’une crue de 100 ans avec ce qui a été observé », a aussi dit le spécialiste.
Lors d’une autre inondation qui a affecté Baie-Saint-Paul en 2008, la quantité de pluie en montage était de 262 mm, a-t-il aussi indiqué à Me Andrée Kronström.
Il mentionne que le débit de la rivière du Gouffre à la hauteur de Saint-Urbain a atteint 560 mètres cubes seconde. « C’est vraiment important. Le volume exact pour la crue de cette année est 96.66 m3/s. pour le débit moyen journalier. Il a eu lieu le 14 avril », poursuit-il.
Philippe Bourdon explique que le bassin versant de la rivière du Gouffre fait 1 000 km carrés avec trois gros sous-bassins qui sont les autres rivières qui traversent la Ville de Baie-Saint-Paul. Les particularités sont les pentes moyennes qui sont élevées.
L’Argo expertisé
Maxime Nolet, enquêteur des crimes majeurs de la Sûreté du Québec, est revenu à la barre pour expliquer la découverte du VTT de type Argo.
Le 22 mai 2023, Michel Simard, un pêcheur, signale à la police avoir trouvé l’Argo. Le lendemain, l’enquêteur et un patrouilleur se rendent sur les lieux. Des employés de la Ville de Baie-Saint-Paul ont aussi participé à l’opération de récupération. Le même citoyen a retrouvé le moteur hors-bord le 22 juin.
« Il fallait passer très près pour le voir », a déclaré l’enquêteur. « Il l’a découvert en marchant. Le véhicule est enfoui sous un amas de branches. Six heures ont été nécessaires pour le sortir de là à l’aide de scies à chaines et d’un tracteur. L’Argo est très endommagé », ajoute le policier.
L’inspection mécanique a été réalisée chez le concessionnaire Univers Traction Sports. Le 25 mai, le travail se fait conjointement avec la CNESST. Le mécanicien qui a fait l’inspection a dit qu’il est impossible de savoir si les bris survenus datent d’avant ou après l’événement tellement le véhicule est endommagé. Les roues 2 et 3 étaient inversées, ce qui est une pratique vue souvent. Aucune conclusion n’est tirée de l’expertise mécanique », a confié l’enquêteur.
L’inversement des roues se fait pour éviter l’usure des pneus, a-t-on appris dans le témoignage de Patrick Gauthier, propriétaire de Les Tout Terrains Argo PG.
Patrick Gauthier a indiqué qu’un Argo « ne remplace pas un bateau, mais demeure agile ». Selon lui, « il ne faut vraiment pas aller où il y a du courant. S’il n’y a pas de courant ni vent, c’est très navigable. Les chenilles dans l’eau ont le même effet qu’une voile. Le courant pousse le véhicule plus rapidement s’il a des chenilles. Sans l’ajout d’un moteur, ça ne se move pas avec des chenilles », a soutenu l’homme qui vend des véhicules Argo depuis 2016.
Il a aussi mentionné qu’il est préférable de naviguer près des berges et que « des débris dans l’eau peuvent faire renverser l’Argo sur le côté étant donné qu’il est plus long que large. Le véhicule sur lequel prenait place Régis et Christopher Lavoie, un Argo Frontier 650 modèle 2011, faisait 5 pieds de large par 10 de long.
L’enquête a complété son volet factuel. Les recommandations et les représentations suivront dans la semaine du 13 mai. C’est à ce moment que des experts seront entendus.
