L’impact du stress sur le microbiome intestinal se précise

Par Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne 10:50 AM - 26 janvier 2024
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AP Photo/ Francisco Seco

Un stress chronique enclenche un effet d’entraînement biochimique qui modifie la composition du microbiome intestinal, démontre une étude réalisée sur des souris par des chercheurs chinois.

Cela permet de mieux comprendre comment un stress chronique augmente le risque de différents problèmes de santé, du syndrome du côlon irritable jusqu’à la dépression, estiment les auteurs.

«Les mécanismes les plus étudiés sont ceux qui vont de l’intestin et du microbiote intestinal jusqu’au cerveau, a commenté le professeur Vincenzo Di Marzio, un spécialiste du microbiome intestinal à la faculté de médecine de l’Université Laval. Par contre, les mécanismes qui partent du cerveau et arrivent au microbiote intestinal ne sont pas très bien connus, donc je crois que c’est une étude très importante.»

Les chercheurs chinois ont découvert que les souris qui étaient exposées à un stress chronique depuis deux semaines présentaient ensuite moins de cellules dont le rôle est de protéger les intestins des pathogènes.

De manière encore plus précise, ils ont constaté qu’une substance produite par des bactéries intestinales qui prolifèrent en présence du stress interfère avec le mécanisme qui permet normalement aux cellules souches intestinales de se transformer en cellules protectrices.

L’étude ne clarifie toutefois pas de quelle manière le stress provoque la prolifération de ces bactéries, a dit le professeur Di Marzo.

«(Les chercheurs) ont identifié un mécanisme nouveau par lequel le cerveau, le stress, change l’activité du système nerveux périphérique autonomique qui affecte l’intestin, a-t-il expliqué. Et d’une façon qui n’est pas encore bien comprise, ça affecte la composition du microbiote intestinal en augmentant des espèces de bactéries qui produisent un métabolite qui affecte la prolifération des cellules souches de l’intestin.»

Les chercheurs ont ensuite trouvé des taux élevés de ces bactéries et de la substance en question dans les selles d’humains souffrant de dépression, comparativement aux selles d’humains en santé.

Le stress, ce n’est pas un secret, joue un rôle de premier plan dans la manifestation de plusieurs maladies psychosomatiques. De multiples études ont par ailleurs démontré, au cours des dernières années, que le microbiote intestinal a une influence qu’on commence à peine à mesurer sur de multiples facettes de la santé.

De nouvelles connaissances qui permettent de comprendre un peu mieux l’association entre le stress et le microbiote sont donc très utiles, a estimé le professeur Di Marzo, et non seulement parce qu’elles éclairent pour une première fois la relation du cerveau vers l’intestin plutôt que l’inverse.

«S’il y a une façon pour le cerveau de contrôler la production par le microbiote intestinal de certains métabolites, le cerveau pourrait aussi diriger le microbiote à avoir des fonctions protectrices ou des fonctions qui contribuent aux maladies, à travers l’intestin bien sûr», a-t-il conclu.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical Cell Metabolism.

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