Le Canada risque de vivre un Noël vert, car El Niño succède à un été chaud

Par Bob Weber 10:45 AM - 22 Décembre 2023 La Presse Canadienne
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Le climatologue en chef du Canada affirme que vous n’aurez probablement pas de Noël blanc cette année. LA PRESSE CANADIENNE/Jeff McIntosh

La plupart des régions du Canada n’auront probablement pas de Noël blanc cette année, selon le climatologue principal à Environnement et Changement climatique Canada

«Si vous n’avez pas de neige maintenant, vous n’en aurez pas», a déclaré David Phillips. Il a indiqué que dans de nombreuses régions qui célèbrent traditionnellement un Noël blanc, la neige ne sera pas au rendez-vous.

La définition technique d’un «Noël blanc» correspond à deux centimètres de neige qui collent, a fait savoir M. Phillips.

«C’est la norme canadienne. Des millions de Canadiens n’en auront pas.»

À Montréal, les pistes pour glisser au pied du mont Royal sont fermées, et les patinoires aussi en raison des fortes pluies et des températures douces.

Les quelques plaques de neige de Calgary attendent leur sort alors que les prévisions annoncent des températures bien au-dessus du point de congélation et des vents chauds de type chinook. À Ottawa, où les grosses chutes de neige sont fréquentes, les pelouses sont recouvertes d’une poudre glacée qui ne permet pas de faire de la luge ou des boules de neige, mais qui, au moins, brille joliment au soleil.

Après deux Noëls blancs consécutifs, Vancouver est presque certain de mettre fin à sa séquence cette année.

La station de ski Cypress Mountain, au nord de Vancouver, a déclaré sur la plateforme de médias sociaux X, anciennement Twitter, qu’elle avait dû fermer mardi «en raison du mauvais temps», avec des températures élevées qui devraient atteindre 9 °C vendredi et un temps ensoleillé attendu tout au long de la fin de semaine avant le retour de la pluie prévu le jour de Noël.

C’est pareil partout où vous regardez.

De Prince Rupert, en Colombie-Britannique, à Cornerbrook, à Terre-Neuve-et-Labrador, et d’Inuvik dans les Territoires du Nord-Ouest à Iqaluit au Nunavut, les accumulations de neige à la fin novembre étaient entre 10 et 15 centimètres inférieurs à la moyenne. Certains endroits, comme le sud-est de la Colombie-Britannique, sont à 50 centimètres de moins que la moyenne.

Cela signifie que le sud du Canada est presque dépourvu de manteau neigeux appréciable.

La carte de neige d’Environnement Canada utilise des points bruns pour indiquer les stations sans neige et elle est brune d’un océan à l’autre. Edmonton, Saskatoon, Winnipeg, Toronto, Montréal, Halifax – tous des points bruns.

Les skieurs gardent leurs skis au placard

Les informations en ligne sur le ski indiquent que 41 stations à travers le pays n’ont ouvert en moyenne qu’un tiers de leurs pistes.

Si vous voulez de la neige, vous avez trois choix : la côte de Terre-Neuve le long de St. John’s, la région québécoise du Saguenay et une petite poche des Rocheuses dans le sud-ouest de l’Alberta. Tous ont 15 à 20 centimètres de plus que la moyenne – ce n’est pas épique, mais suffisant pour faire rouler un bonhomme de neige ou dévaler une colline.

«La neige n’a pas eu l’occasion de s’accumuler», a précisé M. Phillips.

«Il fait tout simplement trop chaud et trop sec. Nous avons établi toutes sortes de records de températures chaudes et cela a été le cas tout l’été et certainement jusqu’en octobre et novembre.»

M. Phillips s’inquiète déjà des effets du temps sec sur les cultures et les forêts de l’année prochaine.

«L’humidité est très préoccupante dans les Prairies», a-t-il fait savoir.

«Les incendies de forêt de l’année dernière ont commencé à cause des conditions hivernales. Cela ne s’annonce pas bien à un moment où nous devrions recharger l’humidité du sol.»

Presque tout le pays est classé «anormalement sec», indique l’Outil de surveillance des sécheresses d’Environnement Canada. Certains endroits du sud de l’Alberta sont déjà au niveau «exceptionnels», c’est-à-dire au sommet du système de classification.

Certaines parties de la Colombie-Britannique continuent de connaître des conditions de sécheresse extrême, les régions de Peace River et de Fort Nelson étant classées au niveau 5 – le niveau le plus élevé d’activité de sécheresse avec des «impacts négatifs presque certains», selon la province.

El Nino – un système météorologique périodique qui apporte du temps chaud dans une grande partie de l’Amérique du Nord – est en partie à l’origine de ce temps anormal. Cette année, le système a démarré tôt et avec force, a indiqué M. Phillips. De plus, l’air arctique descendant vers les latitudes méridionales n’a pas été aussi froid que d’habitude.

Tout cela se déroule dans un climat changeant qui a fait de 2023 l’été le plus chaud de l’histoire de la planète.

«El Ninos est différent maintenant, a expliqué M. Phillips. Cela se produit dans le contexte d’un monde qui se réchauffe.»

— Avec des informations de Chuck Chiang.

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