MétéoMédia prévoit un décembre doux suivi d’un hiver normal, froid et neigeux

Par Pierre Saint-Arnaud 7:45 AM - 29 novembre 2023 La Presse Canadienne
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Photo La Presse Canadienne/Jacques Boissinot

Le père Noël pourrait devoir installer des roues sur son traîneau plutôt que des skis lorsqu’il fera sa tournée dans le sud du Québec. Si les prévisions hivernales 2023-2024 de MétéoMédia parlent d’un hiver plutôt normal en termes de précipitations et de températures, les preneurs aux livres seraient tentés de donner une cote d’environ 50-50 pour un Noël blanc dans le sud.

«Puisque le mois de décembre risque d’être doux, avec des températures un peu au-dessus des normales, il va y avoir des périodes au-dessus de zéro degré. Donc on va avoir de la neige, mais peut-être qu’une partie va fondre. Ça va se jouer dans les derniers jours avant Noël», explique le chef du service de météorologie à MétéoMédia, André Monette.

Heureusement, le sud de la province n’est pas le centre du monde, rappelle-t-il toutefois. «C’est sûr que lorsqu’on est davantage dans les régions comme les Laurentides en s’en allant vers Charlevoix, les chances d’avoir un Noël blanc sont beaucoup plus élevées et les températures ne seront pas assez chaudes pour faire fondre tout le couvert de neige.» Les skis du traîneau devront donc être transportés dans le coffre sans fond du joyeux homme en rouge pour s’occuper du reste de la province. 

Des hivers doux et plus courts

Cette tendance aux mois de décembre peu propices aux sports d’hiver dans le sud du Québec s’impose depuis quelques années. «Les hivers sont beaucoup plus doux, les mois de décembre se réchauffent plus rapidement et avoir un couvert de neige en décembre, ça commence à être de plus en plus difficile. Par contre, il y a des exceptions. On peut avoir un mois de décembre très neigeux.»

C’est ainsi que le réchauffement climatique s’observe d’ailleurs. «En général, quand on regarde sur 10, 20 ou 30 ans, la tendance est aux automnes de plus en plus doux, aux hivers qui arrivent de plus en plus tard. Les étés, c’est la même chose: ils sont de plus en plus longs. On commence à avoir des canicules au mois de mai et au mois de septembre, ce qui était beaucoup plus rare avant.»

Un hiver El Nino inusité

Quant au reste, ce qui viendra après les festivités, l’hiver qui est à nos portes sera «un hiver El Nino inusité», pour reprendre l’expression du service de météorologie qui, à chaque année, se risque à prédire l’imprévisible.

Habituellement, un hiver El Nino signifie un hiver doux, sous l’influence de ce phénomène climatique qui se caractérise par des températures anormalement élevées de l’eau dans la partie est de l’océan Pacifique Sud, près des côtes de l’Équateur, du Pérou et du Chili.

Pourquoi inusité cette fois? C’est que, même si ce phénomène doit nous apporter un début d’hiver doux en décembre, il est accompagné d’une chaleur beaucoup plus répandue et inhabituelle ailleurs dans les eaux du Pacifique, qui vient ainsi mêler les cartes et réduire l’influence d’El Nino.

Une vedette vs un match d’étoiles

«À MétéoMédia, on va distinguer cet hiver El Nino justement parce qu’il est entouré d’eau chaude. El Nino, oui, ce sont des températures chaudes, mais comme il y a beaucoup d’eau chaude ailleurs dans le Pacifique, les conséquences sur le cœur de l’hiver en janvier-février devraient être des températures plus froides, plus près des normales de saison contrairement à la première moitié.»

Pour mieux se faire comprendre, André Monette se risque à une analogie avec le hockey. Imaginez qu’El Nino est un Connor McDavid (ou Bédard, selon vos préférences). «Si tu as une grosse vedette dans une équipe moyenne, tu vas vraiment voir l’effet du grand joueur. Mais si c’est un match d’étoiles et que ce sont toutes des vedettes, l’effet ne va pas être aussi perceptible.»

Retour du froid normal du Québec

Ainsi, la prévision de MétéoMédia pour la suite, c’est un hiver ramené à la normale une fois que les Fêtes seront passées. Et, comme les relevés des cartes de crédit, les relevés des compteurs d’Hydro-Québec risquent de venir en hanter plusieurs après l’accalmie de décembre. 

«Pour la vallée du Saint-Laurent, on sera près des normales. Mais au cœur de l’hiver, en janvier-février, les normales sont froides. C’est normal, on est au Québec. Ça va faire contraste avec décembre qui aura été plutôt doux», avertit le météorologue.

Neige et possibles surprises

Et si on regarde du côté des précipitations? Pas beaucoup de neige? Beaucoup de neige? Trop de neige? D’après André Monette, les zones les plus populeuses devraient recevoir des quantités qui se rapprochent de la norme, soit environ 150 centimètres de neige dans la région de Montréal et 210 centimètres dans la région de Québec, un banc de neige qui devient de plus en plus haut à mesure que l’on se dirige vers l’Est.

Cependant, la carte produite par MétéoMédia montre une activité de tempête beaucoup plus intense sous ce corridor, précise-t-il, et nous ne serons pas à l’abri d’autres cadeaux tombés du ciel. «La trajectoire des systèmes plus importants est davantage au sud de nous. Par contre, la vallée du Saint-Laurent est très proche du corridor actif. Il suffit que ça remonte un peu et on pourrait avoir des surprises. Mais au nord du fleuve, les régions sont plus à l’écart et devraient avoir un peu moins de précipitations en général.»

Finalement, le météorologue ne se cache pas quand tombe la question qui tue, à savoir: quelle a été la fiabilité de ces prédictions au cours des années passées? «En général, je vous dirais autour de 75 % de réussite», déclare-t-il avec confiance. Avouons que c’est là un taux de réussite dont le service n’a pas à rougir.

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