Les défis de la persévérance scolaire… et enseignante

Par Jean-Baptiste Levêque 12:00 PM - 14 février 2023
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Du 13 au 17 février, les Journées de la persévérance scolaire mettent l’emphase sur ce qui peut rendre nos élèves plus motivés et confiants durant leur parcours. La persévérance à l’école n’est pas seulement le défi des élèves. Elle concerne tout autant leurs professeurs.

Le Centre de services scolaire (CSS) de Charlevoix a une situation enviable dans le réseau de l’éducation. Le taux de diplomation au secondaire le classe au 12e rang sur 72. Le décrochage scolaire est de seulement 5,2 %, ce qui place le Centre au 2e rang dans la province.

« L’avantage d’être un petit CSS, c’est qu’on fait de meilleurs suivis avec les élèves. Chacun d’eux a un nom », illustre Martine Vallée, directrice générale du CSS de Charlevoix. « Il y a une bonne communication entre les écoles secondaires et le centre de formation pour adultes. On fait beaucoup de prévention. On prend les devants pour les élèves en voie de décrocher », ajoute-t-elle.

Selon la directrice, être proche de la communauté est aussi un atout pour encourager la réussite des élèves. « On s’assoit à la même table que les organismes jeunesse et que le centre de santé et de services sociaux. Charlevoix offre un bon filet social », affirme-t-elle.

Le CSS souligne d’ailleurs le rôle que joue l’entourage de chaque jeune en dehors de l’école : parents, famille élargie, employeurs. Ces derniers seront peut-être davantage sensibilisés dans les prochaines années, alors que la pénurie de main-d’œuvre peut affecter la persévérance.

L’attrait des élèves pour le marché du travail est justement sous surveillance au CSS, qui a même créé une équipe tactique sur cet enjeu à l’interne. Différents moyens pourraient être mis en place si nécessaire, comme mobiliser les municipalités et la chambre de commerce, demander aux employeurs de limiter les heures de travail des jeunes et de s’intéresser à leur scolarité, et ultimement de discuter des enjeux de chacun à long terme.

Selon Monique Brassard, présidente du Syndicat de l’enseignement de Charlevoix, la persévérance des élèves est aussi tributaire de celle des enseignants. « Les profs sont fatigués. Ils sont bien outillés comme enseignants, mais ils ne peuvent pas aussi remplir les rôles de parents ou de psychologues. »

Pour la présidente, la structure organisationnelle de l’éducation ne favorise pas un milieu propice à l’enseignement. Le surplus de tâches, la gestion de classes dont le nombre d’élèves est trop élevé, le manque de soutien et la montée de la violence sont parmi les facteurs qui créent un sentiment d’incompétence et de culpabilité chez de nombreux enseignants.

« lls ne sont pas capables de donner leur 100 %. Ce contexte est intimement lié à la persévérance des élèves. Ce n’est pas mieux pour les jeunes. Hormis les questions salariales, toutes nos demandes syndicales sont liées à leur réussite », souligne Mme Brassard.

Si les enseignants de Charlevoix sont affectés par leur conditions de travail, ils ne décrochent pas pour autant. « On n’est pas épargné par la pénurie de main-d’œuvre, mais on est en meilleure posture que l’ensemble du réseau. Un enseignant sur cinq décroche au Québec, alors que notre taux de rétention est de 95 % », confirme Martine Vallée.

Le recrutement reste toutefois une préoccupation pour le CSS, alors que les enseignants éligibles à la retraite sont de plus en plus nombreux. 42 d’entre eux le seront d’ici 5 ans. Selon Mme Vallée, plusieurs aspirants originaires de Charlevoix y reviennent faire leur stage d’études. Une occasion à saisir pour faire des approches afin de combler les futurs besoins de main-d’œuvre du CSS.

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