Jean-Paul Perron est à la mode depuis 50 ans

Par Dave Kidd 5:00 AM - 24 octobre 2022
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Marie-France et Jean-Paul Perron de chez Lemercier

Sa mère voulait qu’il soit ordonné prêtre, mais ses talents de vendeurs et son flair pour le chic l’ont plutôt amené à la « papauté » de la mercerie. Du Carrefour de l’habit à Lemercier, Jean-Paul Perron est dans le milieu de la mode masculine depuis 50 ans.

« J’ai toujours voulu avoir un magasin. Je disais ça à ma mère. Je jouais au magasin étant jeune », se souvient l’homme d’affaires. « L’ADN de la business, je l’ai depuis ma naissance. Je suis de descendance commerciale », poursuit-il en référence à sa famille du côté maternelle qui a un côté entrepreneurial fort développé.

Avant d’en arriver à ouvrir son premier commerce, il aura travaillé pour Donohue pendant quelques mois. Sa très grande facilité avec les maths lui a permis d’être nommé adjoint au surintendant des chantiers d’Hydro-Québec sur la Côte-Nord. À 19 ans, Jean-Paul Perron porte un casque blanc et roulant en pickup. On est un peu loin de l’image du souriant commerçant qu’il est devenu.

Il n’a pas vendu que des habits et des chemises. Il a vendu des voitures et 73 maisons mobiles en trois ans. De l’avis de plusieurs, il est en mesure de vendre tout ce qui existe pour autant qu’un client potentiel se présente devant lui. « Ce n’est pas vrai que les clients sont difficiles. Il suffit de leur donner ce qu’ils veulent », glisse-t-il durant l’entrevue qu’il accorde au Charlevoisien.

Ses premiers pas

Sa carrière dans la mode masculine débute à Clermont. Il est embauché comme conseiller à la Mercerie J. M Dubois. Il se fait remarquer par les représentants des compagnies de vêtements qui ont été nombreux à lui dire qu’il « devrait ouvrir son magasin ». Ce n’est pas l’ambition qui lui fait quitter son poste, mais un refus de prise de congés pour  écouter la Série du siècle en 1972 !

Cette même année, il achète 50% des parts de son premier magasin Au carrefour de l’habit. Cinq ans plus tard, il devient l’unique propriétaire du commerce et de l’immeuble dans lequel il est installé et où aujourd’hui on retrouve Lemercier. « À l’époque, le chiffre d’affaires était de 150 000$. Une chemise se vendait 9.95$ et les cravates 1$. Les gens m’ont fait confiance. Je n’ai jamais roulé personne », mentionne Jean-Paul Perron qui aujourd’hui donne un coup de main à sa fille Marie-France qui a pris les rênes commerce en 2008.

Au Carrefour de l’habit s’est transformé avec le temps tout comme l’implication de Jean-Paul Perron dans son industrie. Pendant qu’il gérait son commerce, il devient acheteur de groupe pour Mercerie Élégance. « Là j’ai vu ce que c’était acheter 2000 paires de pantalons au lieu de 12! », se souvient-il.

Au début des années 80, il est nommé au conseil d’administration de Groupe Promodor. Trois ans après, il devient président. « Tous les membres ont adhéré aux achats de groupe que j’avais proposés », dit celui qui a dirigé le groupe pendant 15 ans. Promodor était issu de la fusion entre Mode Select et Élégance.

De 1983 à 2001 c’est chez Dimension Mode de la rue Saint-Étienne à La Malbaie qu’on se rendait pour s’acheter un habit. Le nom a changé pour Lemercier qui sonne un peu plus moderne même si le magasin a toujours gardé un standard très élevé.

Lemercier une belle aventure

Lemercier n’existe plus comme groupe. La rareté du personnel a eu raison de lui. Les boutiques reparties à la grandeur du Québec ont conservé le nom. « J’ai adoré présider ce groupe. J’étais vraiment dans mon élément. J’étais très bien entouré. Ça m’a amené à voyager partout dans le monde. Je me suis rendu à Istanbul et en Allemagne entre autres. Tout cela a permis d’apporter beaucoup à mon commerce », dit Jean-Paul Perron.

Son « demi-siècle » en affaires il ne l’a pas passé que dans les allées de son commerce. Début des années 80, il s’implique auprès de la SIDAC ce qui permet à la Ville de La Malbaie d’obtenir 500 000$ via le programme Revi-Centre pour du développement du centre-ville.

Des maires et des députés et même l’ex-premier ministre Jacques Parizeau n’allaient pas uniquement s’habiller chez Lemercier. « Ils voulaient prendre le pouls du monde et je leur donnais l’heure juste », se rappelle Jean-Paul Perron.

« J’ai eu une belle vie en affaires. J’aimais la vente, pas faire l’argent. Je referais exactement la même affaire avec l’expérience en plus. J’étais impliqué dans tout», dit celui qui a eu comme phrase fétiche à sa fille « ne pars pas en peur avec les dépenses ».

« Il ne me la répète plus. Elle est ancrée », rigole Marie-France Perron qui a repris le commerce il y a 14 ans. « Je crois avoir conservé l’âme de la boutique tout en modernisant. Ça toujours été moderne et à la page. La vision demeure », précise-t-elle.

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