Ces pics qui nous donnent des maux de tête

Par Michel Paul Côté 6:00 AM - 9 octobre 2022
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Plusieurs espèces de pics se retrouvent dans Charlevoix et sont observables pendant les quatre saisons. On peut voir le pic mineur.

Les pics représentent une espèce d’oiseaux assez uniques. Surtout insectivores, ils sont présents partout au Canada où se trouvent des arbres, et ils demeurent généralement chez nous toute l’année, ne craignant pas d’affronter les rigueurs de nos hivers.

Il existe au Québec 9 espèces de pics, 12 en Amérique du Nord. Charlevoix en accueille sur une base régulière sept : Le Grand Pic, le pic flamboyant, le pic mineur, le pic chevelu, le pic maculé, le pic à dos rayé, et le pic à dos noir.


Deux espèces sont migratrices, soit le maculé et le flamboyant Les autres sont observables toute l’année.


On les rencontre partout où il y a des arbres. Les plus fréquents à nos mangeoires sont le pic mineur et le pic chevelu, presque identiques au niveau du plumage. L’hiver, ils accepteront volontiers suif et beurre d’arachide. Le chevelu possède un bec plus long et est de taille un peu plus imposante. Si les deux espèces ne sont pas côte à côte, il est difficile pour l’amateur de les distinguer.


Le pic flamboyant, avec son croissant rouge caractéristique sur la nuque , peut volontiers s’installer sur votre pelouse, à la recherche de fourmis. Il se nourrit aussi de fruits à l’occasion.


Pendant la belle saison, les pics résidents font des provisions qu’ils cachent un peu partout en forêt, surtout dans les craques des arbres. Les graines d’arbres représentent une grande partie de l’alimentation hivernale, faute d’insectes.


Le son caractéristique du pic qui s’acharne sur un arbre attire toujours l’attention de l’observateur. L’oiseau ainsi occupé à marteler l’arbre avec son bec se laisse assez bien observer. Quelle observation fascinante ! Méthodique, le pic fera le tour de l’arbre, de la base jusqu’au sommet, à la recherche de nourriture. Si il s’en prend à un arbre, c’est généralement parce que l’arbre en question est déjà l’hôte d’insectes. Le pic écoute attentivement et décèle facilement les endroits sous l’écorce où se trouvent ses proies. C’est alors qu’il se met à l’œuvre.

C’est un travail qu’il faut observer. Les pics utilisent l’ensemble de leur corps pour former des cavités dans les arbres et se nourrir. Les pattes ont une forme particulière qui leur permet de se déplacer et de s’accrocher solidement à l’écorce. La queue est rigide, ce qui permet aux pics de se servir des pattes et de la queue comme d’un solide trépied.


Ils ont besoin de cet appui solide, car ils vont marteler avec force l’arbre afin d’y trouver leur nourriture.
Le mécanisme qui leur permet de frapper pendant toute la journée les arbres les plus résistants est une merveille de l’adaptation naturelle. Le bec possède la forme d’un couteau à bois et très résistant. Un bec normal casserait à la longue. La dureté du bec varie d’une espèce de pic à l’autre, en fonction de l’essence d’arbre fréquenté par les espèces.


Le corps tout entier est mis à contribution afin d’appliquer le maximum de force à chaque impact. La boîte crânienne des pics est très résistante, le cerveau est bien enveloppé par une substance qui absorbe les chocs, et les os à la base de la mâchoire agissent comme amortisseurs. Les narines sont, contrairement aux autres oiseaux, protégées par de petites plumes, un genre de filtre qui intercepte les éclats de bois et le brin de scie. Les yeux, lors des impacts, sont fermés. Une fois que la cavité permet d’accéder les insectes, c’est une très longue langue, au fonctionnement complexe, qui se met à l’œuvre.

À titre d’exemple, la langue du pic chevelu peut atteindre 13 centimètres (5 pouces). Elle se rétracte dans la tête, en contournant l’arrière de l’œil. L’extrémité est collante et en forme d’hameçon, ce qui permet d’explorer les cavités et de capturer facilement tous les insectes qui s’y trouvent.


Finalement, les pics échangent entre eux de différentes façons. Ils ont leurs cris, mais aussi ils communiquent sur de grandes distances en tambourinant sur les arbres. Il ne s’agit pas de creuser une cavité pour se nourrir, mais plutôt d’un message sonore lancé pendant la période de reproduction afin d’attirer l’âme sœur. L’arbre offrant la meilleure sonorité est choisi avec soin afin que le cri du cœur soit entendu le plus loin possible.


Parfois, la meilleure sonorité est obtenue en tambourinant sur le revêtement métallique de la cheminée, au grand désespoir des propriétaires. Consolation : une fois le couple formé, la cheminée sera délaissée.


Le but de cette chronique était d’intéresser les amateurs à observer les pics qui nous entourent. Il existe bien des différences entre les nombreuses espèces de pics. Ce sera pour des chroniques subséquentes.


Bonnes observations

Dimanche dernier, le 25 septembre, Pierre Verville était l’invité de la SHEC au Domaine Forget. Il a décrit avec enthousiasme, devant environ 75 personnes, sa passion pour les oiseaux. Ce fut un beau rendez-vous. La migration automnale bat son plein. La SHEC offre gratuitement à toute la population de Charlevoix des visites guidées, qui se déroulent les samedis et mardis matin, à 8 h, au pavillon d’accueil du parcours des Berges de Clermont.

Le Grand Pic.
Le pic flamboyant.

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