Musée de Charlevoix: les missions photographiques de Gabor Szilasi et Chun Hua Catherine Dong

Par Emelie Bernier 9:11 AM - 23 septembre 2022
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Le premier a arpenté Charlevoix de long en large en 1970 pour en capter l’essence à travers ses humains et ses paysages. 50 ans plus tard, la seconde complétait une mission photographique où elle s’est mise en scène aux quatre coins de la région, parée d’un survêtement traditionnel chinois. L’exposition concomitante de Gabor Szilasi et Chun Hua Catherine Dong au Musée de Charlevoix est un voyage dans le temps, d’hier à aujourd’hui, du noir et blanc à la couleur. Les deux artistes marient, chacun à sa façon, le documentaire à la poésie et l’être humain au territoire.

Gabor Szilasi, tout humble soit-il, se passe de présentation. À 94 ans bien sonnés, le maître photographe n’a plus rien à prouver et ses photographies lui ont valu de nombreuses reconnaissances nationales et internationales. Son passage dans Charlevoix en 1970 est un moment-phare de son parcours créatif.

Plusieurs personnes ont profité de la présence de M. Szilasi pour faire autographier le livre Charlevoix 1970, qui réunit les clichés du photographe pris cette année-là dans la région.

« J’étais arrivé au Québec en 1957, j’avais toujours vécu dans une grande ville. J’étais très curieux de l’histoire du Québec. Je voulais vraiment connaître les gens du pays, les agriculteurs. En lisant l’histoire du pays,  j’ai lu que Jacques Cartier était arrivé à L’Isle-aux-Coudres et j’ai demandé une bourse pour passer du temps à la campagne. Ma première exploration a été L’Isle-aux-Coudres », a raconté le sympathique photographe.

Une photographie de Gabor Szilasi aux Éboulements.

Les tirages exposés dans la grande salle du Musée  témoignent du Charlevoix rural et agricole de l’époque. On y voit de nombreux Charlevoisiens, rencontrés par le photographe, qui leur a tiré le portrait. Chacun, rappelle-t-il,  a reçu sa photo en échange. « C’était important pour moi, pour les remercier », explique le photographe.

Chun Hua Catherine Dong sur la berge.

50 ans plus tard, Chun Hua Catherine Dong a été choisie pour réaliser la mission photographique 2021 des Rencontres internationales de la photographie de la Gaspésie. L’artiste d’origine chinoise, atteinte de la COVID, n’a malheureusement pas pu être présente au vernissage. Elle n’a pas prise ses photos puisqu’elle y prend la pose dans divers décors, couchée sous une couverture de soie rouge aux motifs luxuriants. Un trio de photographes d’ici l’a accompagnée dans son périple, soit Lucie Couillard, Donald Lavoie et Michel Antoine Castonguay. Ils lui ont servi de guide de Port-au-Persil au parc de Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie, dans un éventail de paysages souvent intemporels.

Voyage de l’argentique au numérique

La technologie photographique a connu une évolution fulgurante en 50 ans. Le contraste entre les tirages argentiques des clichés de Gabor Szilasi et les photographies numériques de Mme Dong en témoigne. Le photographe d’origine hongroise a capté tous ses clichés avec un appareil à chambre 4 X 5 tandis que les photographes collaborateurs de Mme Dong ont plutôt fait des clichés avec des appareils photo numériques en utilisant les ressorts de la technologie.

Sylvain Gendreau est ravi du résultat. « Le projet a débuté il y a 3 ou 4 ans quand Dominique Villemaire, représentante de Loto Québec à l’époque, est venue nous voir  en nous proposant de participer à la mission photographique des Rencontres internationales de la Gaspésie. Comme on est un musée d’histoire, elle nous a proposé de faire un projet conjoint avec Gabor Szilasi. Ce qu’on présente est en quelque sorte le résultat de deux missions photographiques, celle de M. Szilasi en 1970 et celle de Mme Dong, 50 ans plus tard. Ce sont des témoignages sur Charlevoix à ces deux périodes.»

D’autres projets se sont greffés à cette exposition majeure dont les neuf expositions virtuelles Capteurs d’image et une rétrospective associée à ces expositions qui sera présentée cet automne à la mezzanine du Musée. Une exposition printanière sur la thématique LGBQT+ complètera ce tour du chapeau photographique.

L’exposition est présentée jusqu’au 30 avril.

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