Parcs et main-d’œuvre : pas un cas à part

Par Emelie Bernier 4:00 PM - 12 juillet 2022 Initiative de journalisme local
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Le parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie.

La Sépaq et ses deux parcs charlevoisiens, les Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie et les Grands-Jardins, comptent près d’une centaine d’employés. Les défis de recrutement et de rétention de la main- d’œuvre n’épargnent pas ces institutions phares du tourisme charlevoisien.

« On a les mêmes enjeux que partout, on n’est pas différent », résume le directeur des deux parcs charlevoisiens, Daniel Groleau.

Si certains employés cumulent les saisons, d’autres en sont à leurs débuts. Parmi ces derniers, des étudiants, dont certains âgés d’à peine 15 ans, et une assez importante proportion de travailleurs venus de France. Pour la saison 2022, tous les postes sont pourvus, mais le resteront-ils jusqu’à la fin de l’été?

« Nos périodes d’embauche sont de plus en plus complexes. On commence en février et jusqu’à la mi-juin, c’est près de quatre mois intensifs de recrutement pour notre service de ressources humaines qui fait un travail exceptionnel. Le but est de faire rentrer des CV, et ensuite, on est très proactif. Le délai entre l’entrevue et l’embauche est très rapide pour ne pas perdre de candidats en route», commente Daniel Groleau.

DanielGroleau, Cathy Martin et Érika Tremblay. Cathy Martin est originaire de France tandis qu’Érika Tremblay est entrée à l’emploi du parc des Grands-Jardins quand elle n’avait que 16 ans, en 2004.

Le support du réseau Sépaq est non négligeable. « L’effort au recrutement est fait de concert avec le siège social et les ressources humaines. Ils font un super travail et on le voit aux CV qui rentrent beaucoup plus qu’ils sont déjà rentrés. On a du support de Québec pour le recrutement sur certains postes critiques, mais les entrevues et l’embauche sont généralement faites localement», dit M. Groleau.

Travailler différemment

La réalité de la pénurie de main-d’œuvre incite à revoir certaines façons de faire à l’intérieur même du parc.
« Nous opérons les parcs depuis cinq ans avec le même nombre d’employés, voire moins. Ça tourne autour de 90 à 100 employés en haute saison pour les deux parcs. Ce qui a changé, c’est qu’on a travaillé beaucoup sur l’autonomie du client. On essaie de voir comment être meilleur à préparer le client avant son arrivée au parc pour diminuer la pression», explique Daniel Groleau. Il cite en exemple le nombre de préposés dans les bâtiments d’accueil.

« Avant, au comptoir d’accueil, souvent on avait trois ou même quatre préposés et on ne vendait que des autorisations d’accès. Maintenant, on invite les gens à les acheter en ligne et on a déplacé des membres de l’équipe vers l’extérieur de nos bâtiments», explique le directeur.

Des préposés à l’accueil sont postés dans les stationnements, au début des sentiers, au départ et à l’arrivée de l’autobus dans le parc des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie. S’ils le souhaitent, les détenteurs de laissez-passer peuvent ainsi trouver réponses à leurs questions sans entrer à l’intérieur des bâtiments d’accueil. Des façons, parmi d’autres, de faire mieux avec moins.

La perte d’expertise, ce casse-tête

Dave Lajoie, responsable maintenance et infrastructures, est au parc depuis bientôt 20 ans. Il ne peut que constater un certain étiolement de la fidélité des employés, dans un marché de l’emploi de plus en plus compétitif.

« Les défis sont différents. Il y a 10 ans, 20 ans, on gardait notre monde plus longtemps, mais aujourd’hui, le marché de l’emploi a beaucoup changé et les travailleurs ont tellement de choix… », commente-t-il.

Dave Lajoie, responsable maintenance et infrastrucures, Mariette Pilote, responsable au service à la clientèle, Julie Hamelin, responsable de la conservation et de l’éducation, et Daniel Groleau, directeur général des parcs de Charlevoix.

La perte d’expertise est importante, et cause parfois des maux de tête aux gestionnaires. « On a beaucoup de roulement. Quand on réussit à engager de nouveaux employés, il faut les former. Le défi est d’ouvrir les parcs et d’offrir nos activités et services dans les mêmes dates et délais chaque année, mais avec des employés qui ne sont pas rodés. Il y a un grand défi de formation, de gestion, d’intégration à la tâche. Heureusement, nos plus anciens nous aident beaucoup en participant de près au transfert de connaissances. On les intègre dans les programmes de formation sinon on n’y arriverait pas! », indique M. Groleau.

Au moment d’écrire ces lignes, l’équipe était complète, mais les départs ne sont pas inévitables.
« On touche du bois, mais rien ne nous dit qu’on va garder notre staff toute la saison. Perdre des joueurs met de la pression sur les autres membres de l’équipe, mais rembarquer quelqu’un à la mi-juillet et le former, ça met également de la pression. Si quelqu’un nous lâche pendant la haute saison, il faut se réorganiser, avoir un plan A, B et même C », rigole Dave Lajoie.