Retraités et parents à la rescousse en milieu scolaire?

Par Emelie Bernier 5:00 AM - 26 janvier 2022
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Le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge l’a évoqué en point de presse le 24 janvier : les retraités du réseau de l’enseignement, voire même des parents volontaires, pourraient être recrutés pour éviter les bris de service dans les écoles.

Le Centre de services scolaire (CSSC)a déjà recours à la première catégorie. « On a une quinzaine de retraités de notre centre de services qui viennent prêter main-forte à des situations de suppléance. On fait régulièrement des relances… C’est une mesure qu’on entretient », indique Martine Vallée. Quant à recruter des parents, le centre de services scolaires n’en est pas là, bien que cette éventualité fasse partie du plan de contingence. Mme Vallée rappelle que la pénurie de main d’œuvre était un enjeu bien avant que la pandémie ne s’invite dans le décor.

La grande séduction

Depuis quelques années, le centre de services scolaire participe à des campagnes de séduction pour recruter de nouveaux enseignants et autres membres du personnel.

«La pandémie nous a un peu ralentis de ce côté, mais on essaie d’être là dans les salons, dans les foires d’emploi des universités, par exemple. De plus en plus de gens recherchent une qualité de vie. En éducation, les salaires sont les mêmes que tu sois à Montréal ou dans Charlevoix et on a la chance d’avoir Charlevoix comme carte de visite. Il faut savoir utiliser cette carte », constate Martine Vallée.

Le mouvement des villes vers les campagnes, accéléré par la pandémie, est de bon augure. « Chaque année, on recrute des gens qui arrivent de l’extérieur.  On en a toujours eu, mais  oui, on a probablement une légère hausse depuis 2 ans. Le défi est souvent de trouver de  bons emplois pour les deux membres d’un couple, par exemple», avance-t-elle.

Des besoins qui varient

En ce qui a trait au recrutement des enseignants, les besoins varient énormément d’un champ à l’autre. « Il y a des secteurs où on a davantage de besoins comme les spécialités en anglais, en musique, mais je pense que peu importe le secteur, les jeunes enseignants vont avoir accès à un emploi assez rapidement. Quand je suis rentrée en 1992, ça m’a pris 7 ans avant d’avoir un poste. Cette période-là a diminué, mais c’est vrai aussi que ça dépend des champs », indique la directrice générale.

Taux de rétention enviable

Le taux de rétention des nouveaux employés au CSSC est toutefois enviable, selon Martine Vallée. «Ailleurs, on parle de 25%, mais ici, on saute les 90-92% le taux de rétention. »

Des mesures pour favoriser la rétention du personnel en situation précaire pourraient être mises en place. Des contrats pourraient, par exemple, être offerts à des suppléants, leur garantissant un certain nombre d’heures sur une base annuelle. «Dans le cas de la suppléance, ça peut être une belle stratégie, qui vient garantir un revenu, par exemple », indique Martine Vallée.

Les attributions de poste à la fin de l’été sont aussi une pratique que le ministre souhaiterait revoir. Mme Vallée est d’avis que toute réflexion est pertinente. « La  possibilité d’affecter les gens en juin plutôt qu’en août peut être intéressante, mais il faut pouvoir réévaluer nos besoins en août, notamment en éducation spécialisée.  Des enfants qui demandaient beaucoup de soins peuvent déménager, par exemple. On doit pouvoir réviser pour avoir une répartition de service qui se colle à la réalité », indique-t-elle. Ces décisions ne seront pas prises à son niveau. «Je ne négocie pas des conventions nationales localement, mais c’est intéressant de voir que ça bouge. Pandémie ou pas, l’enjeu de pénurie était là! »

Pas de place pour l’extra

La rentrée 2021 a été la plus complexe jusqu’ici en matière de ressources humaines.

« Si on se compare, on se console, mais c’était la rentrée la plus exigeante que j’ai connue. On a commencé l’année avec l’ensemble des besoins comblés, mais très peu de ressources disponibles pour les congés, que ce soit de maladie, de maternité… le défi est à tous les jours au niveau de la dotation », admet Martine Vallée.

Le plus dommage, selon elle, c’est que cette situation limite la possibilité d’aller au-delà des besoins de base.  « La garantie est d’offrir le service de base. Non, on n’a pas de bris de service, mais ça nous limite dans les projets de développement qu’on voudrait mener. Pour moi, c’est le plus crève-cœur. On aurait aimé libérer des gens pour qu’ils puissent développer des projets spécifiques emballants pour les jeunes, mais on n’a pas suffisamment de ressources pour ça. Ce ne sont pas les idées qui manquent.»

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