Piètres résultats en littératie dans Charlevoix, mais la Formation Alphabétisation Charlevoix nuance

Par Emelie Bernier 10:28 AM - 27 octobre 2021
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Dans la MRC de Charlevoix-Est, entre 58 % et 60 % de la population aura de la difficulté à comprendre des textes longs et complexes. La MRC de Charlevoix ne fait guère mieux. Entre 54 % et 58 % de la population n’y atteint pas le niveau 3 du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes.

L’étude «La littératie au Québec : un regard local sur les enjeux» rendue publique par la Fondation pour l’alphabétisation le 14 octobre est sans appel.


La MRC de Charlevoix-Est fait piètre figure au palmarès québécois en matière de littératie, mais elle n’est pas le seul territoire à afficher ces résultats.


L’étude conclut que les MRC des régions dites éloignées affichent en général des résultats plus faibles et explique ce résultat par certains faits. Une plus grande proportion de répondants est sans diplôme ou possède un diplôme d’études professionnelles (DEP), la population y est vieillissante et l’économie régionale s’y appuie sur des secteurs liés aux ressources naturelles, entre autres.


Les résultats de l’étude n’étonnent pas outre mesure André Huberdeau, président de la Fondation pour l’alphabétisation. « Quand je parle de ça autour de moi, les gens ne me croient pas, mais il faut constater que le problème est là. Oui, il y a beaucoup de problème de société, mais celui-là est important. La littératie, c’est la base de devenir un bon citoyen et pouvoir progresser dans la société, tant au niveau des affaires qu’au niveau social », conclut André Huberdeau.


La pandémie (encore elle!) a exacerbé les conséquences de cette littératie défaillante. Les lignes d’appel de la Fondation pour l’alphabétisation ont sonné plus que jamais.


« Les gens étaient de plus en plus isolés, ne pouvaient aller chez des parents ou des amis pour interpréter une lettre, une missive acheminée par le gouvernement par exemple », indique M. Huberdeau. La Fondation mène plusieurs projets de front pour favoriser la littératie, comme le programme La lecture en cadreau. « On distribue des livres pour enfants. L’idée est de dire aux jeunes que c’est un plaisir de lire, que c’est intéressant, et on mise sur l’impact que la présence des livres va avoir non seulement sur les enfants, mais sur leur familles », ajoute M. Huberdeau.

L’économiste Pierre Langlois, qui a réalisé l’étude, s’est basé sur les résultats du Programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes (2012) et sur ceux du dernier recensement canadien (2016) en évaluent notamment le profil scolaire des répondants.

La Formation Alphabétisation Charlevoix nuance les résultats

À la Formation Alphabétisation Charlevoix, la coordonnatrice Isabelle Perreault nuance les résultats de l’étude publiée par la Fondation pour l’alphabétisation.

«Ça me semble un peu alarmiste. Qu’est-ce que c’est, vraiment, la définition d’un niveau de littératie 1, 2 ou 3?», questionne Mme Perreault.
Il faut également clarifier de quelle littératie on parle, selon elle. « La littératie, ça peut être l’écriture et la lecture, les chiffres, les compétences numériques… C’est large! »

La FAC est toujours active sur le terrain pour accompagner ceux qui souhaitent améliorer leurs compétences, pour quelque littératie que ce soit. Et la clientèle change, explique Mme Perreault.
«Les demandes de mise à niveau secondaire fluctuent avec les années. Ce n’est pas parce que le besoin n’est pas là, mais parce qu’il y a plein d’opportunités de travailler. Ce qu’on voit, c’est que les employeurs baissent leurs standards », explique-t-elle. Un secondaire 5 ne sera plus exigé, par exemple, pour obtenir un emploi dans une entreprise manufacturière de la région.

La PCU et la PCRE sont aussi venues changer la donne. «Les gens n’avaient plus besoin de travailler. La demande chez nous se fait souvent quand la personne est devant un mur et qu’elle doit aller chercher des compétences pour aller plus loin », illustre Isabelle Perreault.

Ces statistiques de 2018-2019 sont éloquentes. La langue maternelle de 38% des apprenants de la FAC était alors l’espagnol. Source: rapport annuel 2018-2019.


De plus en plus, une nouvelle catégorie d’apprenants s’impose dans les statistiques de la FAC.
«Les statistiques de notre rapport 2020-2021 indiquent que notre clientèle est composée à 35% de personnes non francophones. En 2019-2020, 38% étaient hispanophones! Ce sont notamment des travailleurs étrangers engagés par contrat dans les entreprises agricoles, chez Simard Suspensions, au Germain. Parmi eux, il y a plusieurs universitaires, mais leur niveau de littératie en français n’est certainement pas un niveau 3 car ce n’est pas leur langue maternelle! D’où l’importance d’aller un peu plus loin que les résultats de l’étude », conclut Mme Perreault.

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