Controversée expédition de vélo/hélico au mont des Morios: “pas la mission première de la MRC”-Odile Comeau

Par Emelie Bernier 8:00 AM - 20 octobre 2021 Initiative de journalisme local
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Odile Comeau, préfète de la MRC de Charlevoix-Est.

La MRC de Charlevoix-Est devrait-elle envisager une prise en charge du mont de Morios ou, à tout le moins, une certaine ingérence dans sa gestion? La préfète Odile Comeau admet que la situation est préoccupante.

«On veut que les gens soient en sécurité, mais je répète toujours que les premières personnes responsables, c’est le citoyen, l’usager. Ce n’est pas la mission de la MRC à première vue, mais peut-être qu’il faut créer des conditions pour que ça puisse s’organiser de façon plus encadrée. L’Association du territoire libre est peut-être un peu victime de son succès», avance-t-elle.


«La fréquentation du mont des Morios n’est pas du ressort de la MRC. Les gens utilisent le territoire, on n’a pas vraiment de contrôle là-dessus. À ma connaissance, il n’y a pas eu de discussions à ce niveau. C’est géré par des bénévoles, ils font pour le mieux », indique le directeur de l’aménagement et de la foresterie à la MRC de Charlevoix-est, Stéphane Charest.


À l’instar de la préfète Odile Comeau, M. Charest n’avait pas eu vent de l’expédition héliportée des cyclistes du blogue Le Backyard. Il estime toutefois que ce genre d’expédition représente « un danger inutile.» «On voit ce qui arrive, la popularité grandissante de la montagne, et il y a peut-être lieu d’agir. Les gens veulent que ça demeure un territoire libre et pour l’instant, aucune action n’est envisagée, mais si ça devient problématique, peut-être qu’on va devoir réfléchir à encadrer l’utilisation du territoire», dit-il.


Les bénévoles, bien que dévoués, seraient-ils dépassés par l’ampleur de la tâche? « Poser la question est un peu y répondre. Effectivement, il y a des choses à prévoir quand on offre un service. Ce sont des discussions qu’on aura au niveau de la MRC pour s’assurer que les règles sont claires et respectées », analyse Odile Comeau.
Elle promet d’amener le sujet à la table des maires. «Ce sera à l’ordre du jour, car la sécurité publique est toujours à l’ordre du jour. Même quand c’est bien organisé, bien balisé, il faut toujours que ça évolue en fonction des activités et de l’achalandage qui évolue.

La sécurité d’abord

Le directeur de l’équipe sauvetage du TNO de la MRC de Charlevoix Daniel Boies n’a jamais été mis au courant de l’expédition des cyclistes, une initiative qu’il considère indûment dangereuse.

« Il n’est rien arrivé et c’est tant mieux, mais dans des situations comme ça, s’il arrive quelque chose, c’est nous qui devons y aller. C’est très risqué pour les randonneurs, et au point de vue des interventions de sauvetage, ce n’est pas facile! Ça monte à pic et nos membres doivent descendre chargés avec un brancard, ce n’est pas simple», indique-t-il.

Il salue le travail de l’Association loisirs, chasse et pêche du territoire libre-secteur Pied-des-Monts, son président Gaëtan Girard en tête. « Ils gèrent très bien, mais ils ne peuvent pas avoir le contrôle sur tout. Est-ce acceptable que des vélos de montagne descendent dans un étroit sentier de randonnée où il y a risque de collision avec des marcheurs? Il y a des questions à se poser. »

M. Boies est d’avis que la MRC doit s’impliquer davantage.

« C’est du territoire non organisé, mais ça reste sur le territoire de la MRC et normalement, la MRC doit gérer ça. Ce serait très important qu’il y ait un encadrement. »

À l’instar de Mitchell Dion, directeur général de l’ATR, Daniel Boies craint que la médiatisation de l’expérience des cyclistes puisse inciter d’autres sportifs moins aguerris à vouloir la reproduire, avec les risques inhérents.

« Faut penser aux randonneurs et à ceux qui ont la responsabilité d’aller vous chercher. Les belles photos, ça donne le goût d’essayer ça, mais c’est vraiment pas à la portée de tous. Quand il arrive un accident, ça n’implique pas que la personne sur le bicycle! »

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