«Merci de m’avoir dénoncé» : entretien avec Denis Boulianne

Par Karine Dufour-Cauchon 3:57 PM - 3 mars 2020
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Denis Boulianne s’est entretenu avec le journal pour partager son histoire, et sensibiliser la communauté sur l’alcool au volant.

En 2018, il se faisait arrêter pour conduite avec facultés affaiblies par l’alcool et perdait le droit de conduire. En 2020, il tient à remercier publiquement la personne qui l’a dénoncé et veut sensibiliser la communauté aux ravages de l’alcool.

Denis Boulianne, 61 ans, de La Malbaie, se dit fin prêt à livrer publiquement son histoire. Depuis son arrestation il y a deux ans, sa vie a complètement changé. Ce grand bouleversement l’a amené à réfléchir sur sa consommation et son bien-être. Il en vient aujourd’hui à remercier la personne qui l’a dénoncé à la Sûreté du Québec, ce soir d’octobre 2018 où il avait pris le volant de son véhicule, gravement intoxiqué par l’alcool.

« Je me suis fait arrêter et j’ai échoué à l’alcootest, raconte d’abord M. Boulianne. Je vis alors une grande déception. Les policiers suspendent mon permis, prennent mon véhicule et me ramènent chez moi sous promesse de comparaître au tribunal. Je me souviens m’être plaint aux policiers que j’avais de l’épicerie que j’avais oubliée dans mon auto. L’agent m’a alors dit : « Vous êtes le seul responsable de cela » », entame-t-il.

Cette phrase a résonné longtemps dans la tête du repenti. « Ces mots-là ont été l’élément déclencheur de toute ma réflexion. J’ai revu l’ensemble des actions que j’ai faites, j’ai revu tous mes choix de vie. Depuis ce moment, j’ai eu plusieurs prises de conscience par rapport à la présence de l’alcool dans ma vie », confie t-il.

Il doit aujourd’hui souffler dans un appareil éthylométrique pour pouvoir aller où bon lui semble avec son véhicule. Cette contrainte n’est rien de bien grave, comparativement à l’ensemble des impacts négatifs qu’il rapporte dans son cercle d’amis, sa famille et sa santé. « Je suis de la génération où conduire en état d’ébriété était monnaie courante. Tous mes amis étaient de grands buveurs, et beaucoup d’entre eux sont aujourd’hui décédés. Comme ils ont presque mon âge, ça m’a fait réfléchir. Par le passé, j’ai également refusé d’avoir des enfants avec mes conjointes à cause de l’alcool. Je serais bien content d’en avoir, des descendants », relate Denis Boulianne à titre d’exemple.

Le passé est passé

Bien qu’il ne puisse changer le passé, le Malbéen tient à faire ce qui est en son pouvoir pour éviter que d’autres personnes reproduisent ses erreurs. C’est pour cette raison qu’il parle aujourd’hui pour exprimer sa gratitude envers l’étranger à l’origine de cette prise de conscience.

« Je ne sais pas qui c’est, peut-être que je ne le saurai jamais. Une chose est sûre, c’est que si cette personne se présente à moi, je la prendrai dans mes bras. Grâce à elle, je suis à l’écoute de mon corps et j’en prends soin. Je trouve important de faire réfléchir les gens sur ces erreurs de jugement impardonnables [boire et conduire]. Personnellement, je me trouve sérieusement chanceux de n’avoir jamais blessé personne. J’espère que cela apportera de l’aide à plusieurs, ou que ça sonnera une cloche », conclut-il

Denis Boulianne a fait la paix avec son passé et souhaite conscientiser ses pairs aux dangers de l’alcool.

 

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