Les collations Charky ou l’ambition circulaire

Par Emelie Bernier 3:57 PM - 7 janvier 2020
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Sous le thème de l’achat local – Pierre-Laurent Salin de l’Étoile dans son kiosque du Marché de Noël de Baie-Saint-Paul.

Si vous avez déambulé de kiosque en kiosque au Marché de Noël de Baie-Saint-Paul, il est probable que vous ayez aussi goûté aux viandes séchées Charky. Compression des mots Charlevoix et jerky, ce tout nouveau produit est signé Pierre-Laurent Salin de l’Étoile (eh oui, tous ces noms sont les siens) et pourrait être le premier d’une longue liste de projets collectifs selon l’enthousiaste apôtre de l’économie circulaire.

Après avoir vécu 10 ans en Europe, le Montréalais d’origine Pierre-Laurent Salin de l’Étoile croit bien avoir trouvé en Baie-Saint-Paul sa terre promise. Il y déménagera d’ailleurs très bientôt. « J’ai signé mon bail! », lance celui qui a été accueilli à bras ouverts par la communauté entrepreneuriale charlevoisienne.

Son ami Louis Drouin, propriétaire de l’imprimerie Lico, lui a ouvert les portes de la région. « Je suis venu au Festif! et j’ai vécu quelque chose que j’ai encore un peu du mal à le décrire, mais qui m’a donné le goût de venir m’installer » explique celui qui a vu son embryonnaire projet de collation Charky prendre dès lors la voie rapide.

« Je me suis donné comme objectif de participer au Marché de Noël et tout s’est aligné. J’ai rencontré l’équipe de Maison Mère qui m’a permis, avec l’aide de la Ville, d’utiliser la cuisine certifiée MAPAQ de l’infirmerie pour ma transformation. L’artiste Pierre Bouchard a réalisé l’identité graphique de l’univers Charky, Lico a assuré le design et la production des emballages… », résume l’entrepreneur dont les collations ont fait fureur au dit marché.

Les viandes séchées Charky sont là pour rester, mais ce ne sont pas les idées qui manquent.

« J’aimerais aussi aller dans la transformation des  fruits et légumes moches ou qui se retrouvent en abondance à certaines périodes pour réduire le gaspillage alimentaire. La niche des collations pour les amateurs de plein air est intéressante, ceux des moments entre amis aussi. Pourquoi ne pas créer une soupe aux oignons déshydratés de la Ferme de la Bordée des Corneilles, des barres énergétiques ou des cuirs de fruits abîmés qui, transformés, seraient parfaits? »

 

Quoi qu’il en soit, il souhaite trouver une façon de partager des espaces avec d’autres transformateurs, à la manière des FabLab, ces lieux ouverts où sont mis à la disposition du public des équipements collectifs pour favoriser l’entrepreneuriat, l’innovation et le partage d’idées.

Vers une économie collaborative

Pierre-Laurent Salin de l’Étoile a reconnu ici un milieu favorable au développement de façons de faire qui l’inspirent et qui ont pour noms Ouishare et Fab City, entre autres… « Ce sont des réseaux qui encouragent des pratiques de production et de consommations collaboratives et circulaires dans la mise en commun certaines ressources», résume-t-il.

Le réseau international FabCity réunit des villes qui partagent une volonté d’autonomie d’ici l’an 2054. « L’idée derrière ça est d’arrêter de faire venir des matières premières dont on ne connaît pas la provenance, de s’approvisionner le plus possible avec ce qui est disponible localement et de transformer le tout dans des ateliers de production collectifs… » Récupération, réemploi, réparation sont évidemment au cœur de cette philosophie. « C’est la base de l’économie circulaire. La matière qui est un déchet pour un peut être une matière première pour l’autre… comme dans la cuisine!  On parle d’entrepreneuriat d’impact, qui implique des valeurs sociales, économiques, écologiques… », illustre-t-il.

Il utilise l’image du moulin communal pour imager son ambition. « On pourrait lancer une première gamme de produits issus de l’économie circulaire en créant par exemple un atelier de transformation  mutualisé pour la déshydratation, la congélation,  et pourquoi pas la fermentation. L’objectif : assurer la conservation des richesses du territoire et servir autant à la sécurité alimentaire qu’à des projets d’entreprises dans l’agroalimentaire. Baie-Saint-Paul semble être ouvert à ça, reste à établir cet écosystème», conclut Pierre-Laurent Salin de l’Étoile, un néo-charlevoisien à surveiller.

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