Nostalgie et spiritualité au carrefour culturel Paul-Médéric

Par Gilles Fiset 6:00 AM - 16 Décembre 2019
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De la nuit des morts au Mexique à la spiritualité laotienne en passant par un retour dans le passé scolaire du Québec avec Rosaire Tremblay, le Carrefour culturel Paul-Médéric propose un voyage à travers le temps et l’âme dans ses trois nouvelles expositions

Les nuits des morts

Le photographe Richard Geoffrion n’en est pas à sa première exposition au Carrefour culturel. Il a déjà exposé Le pow-wow, modernité et dignité chez les premiers peuples en mars 2018.

 

Cet hiver, c’est un voyage au Michoacán où vivent les indigènes Purépechas qu’il nous propose avec la trentaine de clichés de Les Nuits des morts.

Au Mexique, dans certaines régions, les nuits du 1er et du 2 novembre sont appelées Dia de Muertos. « Deux fois par année, on essaie de communiquer avec les esprits des morts. Une première fois pour les âmes des enfants et une seconde nuit pour celles des adultes. On met de la lumière et des couleurs vivent sur la tombe pour attirer les esprits et, en gardant une attitude de recueillement et non pas de tristesse, on essaie de connecter avec les gens que l’on connait qui sont passés de vie à trépas », explique M. Geoffrion.

 

La trentaine de photos exposées représentent des tombes parées pour la nuit ou encore des Mexicains en recueillement près de la pierre tombale, toujours richement décorée pour l’occasion. Elles ont été sélectionnées parmi 7 000 clichés.

Richard Geoffrion a décidé de vivre cette forme de rituel relié à la mort à la suite du décès de son père et de l’immortaliser à la suite de trois longs voyages de 2015 à 2017. « Ç’a été une autre façon de vivre mon deuil », explique le photographe en ajoutant que pour lui, l’exposition est une façon de faire connaitre une autre conception de la mort. « Comme ils font cela dans le respect et avec une certaine bonhommie, le fait de mourir nous apparait moins dramatique après avoir vécu ce rituel », ajoute-t-il.

Le défi était de taille cependant. « Prendre des photos de nuit, en longues expositions de plusieurs secondes sans que les gens bougent, dans des cimetières bondés de monde qui passaient et parlaient sans cesse n’a pas été de tout repose », confie le photographe.

Les Yeux et le cœur vers le monde oriental et occidental

 

Ancienne réfugiée du Laos ayant traversée la mer en tant que « boat people » dans les années 1970 avec un enfant à sa charge et un autre en route après quatre années dans un camp de réfugiés en Thaïlande, Souky, ou Souk-Daray de son vrai nom, a connu la souffrance et la solitude. « J’étais seule à devoir m’occuper de mes deux enfants en arrivant ici au Canada », confie-t-elle en ajoutant qu’elle a dû quitter son pays pour fuir la guerre et ses atrocités.

Ce qui lui a permis de tenir le coup toutes ces années, c’est sa spiritualité, le bouddhisme, la méditation qu’elle pratique depuis sa plus tendre enfance et ses devoirs de mère. Des obligations qui l’ont fait grandir intérieurement, selon elle. « La maternité pour moi a aussi été une façon de me réaliser pleinement, de trouver une force pour m’accomplir et prendre soin des miens », confie Souky.

C’est donc de spiritualité et de maternité que traitent les 27 huiles de son exposition Les Yeux et le cœur vers le monde oriental et occidental.

On décèle aussi un brin de nostalgie à travers les toiles qui présentent des scènes de la vie du Laos du temps de l’enfance de l’artiste, celui qui portait encore le nom d’Indochine et dans lequel, malgré la pauvreté, on pouvait toujours discerner des sourires sur les lèvres de ses habitants, selon Souk-Daray. « C’est que le bonheur vient de l’intérieur, de la spiritualité ». Termine l’artiste.

Ma Classe d’anglais

Le bien connu Rosaire Tremblay fait un retour dans le passé du monde de l’éducation du Québec avec son exposition Ma Classe d’anglais.

Dans cette dernière, M. Tremblay présente les images en grand format des manuels scolaires pour l’apprentissage de l’anglais comme langue seconde d’Albert Filteau et Charles Villeneuve.

Ces trois tomes de conversation anglaise à l’aide de l’image, publiés dès 1947,  se sont imposés dans les classes d’anglais de la province jusque durant les années 1960.

Les trois expositions sont présentées jusqu’au 9 mars

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