Yves Lavoie: voir venir

18 février 2013
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Vivre avec un handicap physique n’est pas de tout repos. Vaquer à ses occupations quotidiennes est un défi de tous les instants. L’accessibilité aux personnes à mobilité réduite, souvent défaillante, complique encore davantage ce défi, ce que déplorent plusieurs personnes dans cette situation, comme Yves Lavoie.

 

«Au fil du temps, j’ai réalisé que la vie n’est pas adaptée pour les personnes, handicapées. Il y a toujours de petits obstacles. Une personne bien portante ne s’en rend pas compte, mais pour nous, ça complique tout », explique Yves Lavoie. Atteint de l’ataxie récessive spastique dite maladie de Charlevoix, Yves n’a pas toujours fait partie de la catégorie des personnes dites à mobilité réduite. «Jusqu’à l’âge de 32 ans, je pouvais aller partout sur mes deux jambes. Encore aujourd’hui, j’ai quand même une certaine autonomie. Après avoir fait quelques années avec la marchette, j’ai maintenant un déambulateur. Je sais que ce qui s’en vient, c’est la chaise roulante», poursuit-il.

 

Cette étape, il la redoute, mais s’y prépare mentalement. La question de l’accessibilité le préoccupe. «Quand j’arrive quelque part et que je ne peux pas rentrer, ça me frustre. Je deviens malin, car je sais que je ne suis pas seul dans cette situation», s’indigne-t-il.

 

Il n’hésite pas à dénoncer les fautifs, même s’il sait que la mauvaise volonté n’est pas toujours en cause. «Au centre d’achat de La Malbaie, par exemple, il y avait un seuil de quatre pouces, difficile à franchir avec une marchette, mais ils l’ont adapté. Cependant, ils ont mis un bouton pour l’ouverture automatique des portes, mais comme il est loin des portes, tu n’as le temps de revenir quand tu as pesé.  C’est une méconnaissance des besoins dans ce cas-ci », croit-il.

 

Ce n’est pas tant ce genre de situation qui l’exaspère. «À certains endroits, les gens préfèrent faire des bâtiments plus petits pour éviter d’avoir à faire un accès pour les personnes handicapées. Pourtant, ce n’est pas si  coûteux! Au lieu de faire une galerie, tu fais une rampe », explique-t-il. Les édifices publics inaccessibles sont une grande source d’irritation. « Quand tu as besoin du service et que tu ne peux pas te rendre, c’est vraiment choquant », dit-il, citant le bureau des « licences » de La Malbaie.  Il croit qu’une législation plus serrée pourrait pallier à ce genre de situation. «Si les gens ne sont pas obligés par la loi, ils ne le priorisent pas. »

 

La zec du lac aux Sables obtient son prix « citron » en matière d’accessibilité. Ce grand amateur de plein air est allé jusqu’à faire signer une pétition pour que le bâtiment d’accueil soit adapté. « Ils ont pris ça à la légère, c’est vraiment triste », se désole M. Lavoie. Mince consolation, la population en général a le cœur à la bonne place. «Les gens sont très gentils. Le monde m’aide.  Des employés de l’épicerie, des clients, les gens ont de l’empathie et ils sont là quand j’ai besoin.»

 

 

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