Antonine Maillet au Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul: la naine géante

Par Emelie Bernier 19 mars 2012 Initiative de journalisme local
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Toute menue, Antonine Maillet n’en est pas moins une géante. Les personnages plus grands que nature de son prolifique corpus littéraire font désormais parti de l’imaginaire collectif. Antonine Maillet était à Baie-Saint-Paul pour rendre hommage à un autre artiste acadien fécond, le peintre Nérée de Grâce dont les œuvres sont exposées au Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul jusqu’au 3 juin.

 

Elle a connu l’œuvre de M. de Grâce à la fin des années 1970. « J’ai découvert un peintre qui saisissait l’âme du peuple acadien, à la fois son côté éthéré, volant, mais aussi son côté tragique. Je suis une très bonne amie d’Édith Butler dont la collection personnelle est présentée ici », de dire Mme Maillet, justifiant son passage dans Charlevoix.

 

Antonine Maillet affectionne particulièrement cette région, qu’elle compare à son Acadie natale. «Il y a quelque chose d’authentique ici, quelque chose d’acadien! Pendant que nous étions déportés, vous continuiez à vivre, à produire ce que nous allions perdre. Quand les Acadiens sont rentrés au pays, ils ont trouvé que le fil n’avait pas été rompu. C’est aussi ce qu’on voit dans l’œuvre de Nérée de Grâce », a imagé Mme Maillet.

 

Dans un discours empreint d’humour et de sincérité, elle a fait l’apologie de l’art. «La création de Dieu n’est pas terminée, parce qu’il fallait laisser du travail aux humains, aux artistes. Nous sommes les continuateurs de Dieu, les artisans du 8e jour », a lancé l’auteure d’un livre justement intitulé Le 8e jour. « La liberté de l’artiste est de créer ce qui n’existe pas pour compléter ce monde qui est mal fait. Sinon, on serait désespéré d’un monde qui va si mal », estime-t-elle.

 

4 lecteurs, dont Claude Frappier, ont rendu un hommage à Mme Maillet en faisant la lecture d’extraits d’oeuvres de l’écrivaine.

 

Que pense-t-elle de l’état du monde, secoué par tant de conflits et de guerres? N’apprend-on pas des erreurs du passé? « On s’en sort toujours. Notre peuple a vu pire, on en est sorti. Je crois que c’est un message d’espoir. Il ne faut pas sous-estimer la force du goût de vivre », de conclure la figure de proue de la littérature acadienne, auteure de la Sagouine et de tant d’autres ouvrages importants.

 

Mme Maillet a profité de son passage à Baie-Saint-Paul pour inviter la population à visiter le Pays de la Sagouine, parc thématique qui fête ses 20 ans cette année.

 

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