Un producteur en moins pour l'Agneau de Charlevoix

Par Emelie Bernier 21 avril 2010
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Des cinq producteurs d’agneaux qui se conformaient au cahier de charge de l’Agneau de Charlevoix, il n’en reste plus que quatre. Alain Simard vient de vendre le troupeau qu’il élevait depuis 1998. Cette décision n’ébranle pas la porte-parole du regroupement des producteurs d’agneaux de Charlevoix, Lucie Cadieux.

 

Lucie Cadieux qui a bataillé ferme pour obtenir la première indication géographique protégée (IGP) canadienne n’est pas inquiétée outre mesure par le désistement de M. Simard, dont elle comprend les motivations. «Les producteurs qui restent sont encore motivés. Si ça ne tient pas la route, ce ne sera pas la faute des producteurs, on aura fait ce qu’on a à faire. Si on ne peut pas tenir le fort, on prendra, nous aussi, une décision d’entreprise, mais ce n’est pas ce qu’on souhaite», de commenter Mme Cadieux qui ne doute toutefois pas du potentiel des agneaux de l’IGP. «On est quatre, mais on a un plan d’action pour recruter des nouveaux producteurs. Si les règles de l’assurance stabilisation des revenus agricoles demeurent pareilles, il risque d’y avoir un problème. Pour l’instant, on essaie surtout de diminuer les dépenses, la promotion n’est pas une priorité, on manque d’agneaux. Il y a des demandes de partout, on ne sort pas de Charlevoix ou très peu. On pourrait en produire 100 fois plus, les gens en veulent, les épiceries en veulent, il y a de la place », constate-t-elle.

 

Alain Simard s’explique

Alain Simard tient à dire que sa décision n’est pas un désaveu envers cette production de niche. « La discrimination de la Financière agricole, qui fait que les agneaux de Charlevoix ne se qualifient pas pour l’assurance stabilisation à cause de leur petit poids, c’est une des raisons qui ont fait qu’on a choisi d’arrêter, mais la principale raison, c’est un choix d’entreprise. On était à une croisée des chemins: soit arrêter l’élevage, soit foncer, mais en analysant la deuxième option, on a été forcés d’analyser les embûches. La façon dont on doit faire l’élevage pour maintenir les normes de l’indication géographique protégée (IGP), il aurait fallu 250 ou 300 brebis, mais nous n’avons ni les installations ni les terres pour ça », explique Alain Simard. Ce dernier n’a pas réussi à vendre ses animaux sur le marché charlevoisien. « C’est surtout à cause de la période, les bergeries sont pleines au printemps », croit Lucie Cadieux.

 

Rappelons que l’IGP a été obtenue en avril 2009 après une quinzaine d’années de travail acharné. Malgré les revers, le regroupement des producteurs d’agneaux continue d’aller de l’avant. Il cherche à obtenir du soutien du CLD afin de promouvoir la production d’agneau chez la relève. «Il y a des choses à ficeler encore, on apprend sur le tas. L’IGP de l’Agneau de Charlevoix, c’est un précédent.  Le plus difficile, c’est de changer les mentalités au sein du gouvernement, mais ça va bien au-delà de l’Agneau de Charlevoix», de conclure Mme Cadieux.

 

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