Érick Sullivan ira pratiquer le droit en Tanzanie

13 février 2010
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Faire un stage en droit est en apparence banal, mais quand ce stage dure six mois, en Tanzanie en Afrique, pour le compte des avocats de l’ONU, afin d’assurer la défense d’un ex-ministre rwandais accusé d’avoir participé à l’un des pires génocides de l’histoire, non, c’est loin d’être banal.

 « Je pars pour l’inconnu », consent le futur avocat de Saint-Urbain, passionné de droit pénal international. Il assistera maître Philippe-Antoine Larochelle, dans la défense de l’ex-ministre de la Jeunesse et du Mouvement associatif, au Rwanda entre 1992 et 1994, Callixte Nzabonimana.

« On ne remet pas en question les 800 000 victimes, mais la hiérarchie et la provenance des ordres. Ce dont on veut s’assurer, c’est qu’il ne soit pas coupable par association parce qu’il était membre du gouvernement. C’est un procès très médiatisé », précise M. Sullivan. Leur client a été accusé en 2002 de génocide, crime de guerre et crime contre l’humanité, mais il a été arrêté en 2008 seulement. La défense est appuyée par 70 témoins de 20 pays différents.

Le  jeune avocat demeurera à Arusha, capitale diplomatique de la Tanzanie de 10 000 habitants. Il a été choisi seulement en décembre, à la condition de réussir les examens du barreau, chose faite depuis.

« Ce stage, c’est un investissement dans une carrière. Je ne serai pas rémunéré. Mon objectif est d’acquérir des réflexes en matière de droit pénal international. C’est un droit relativement jeune, en développement, qui est toujours en lien avec le contexte historique et politique d’un pays », continue celui qui aspire, un jour, à œuvrer au sein d’un ambassade ou encore comme conseiller international.

Et la morale dans tout ça? « Quand je vais là-bas, je ne défends pas l’auteur des crimes, mais quelqu’un qui les aurait supervisés, c’est moins pire, mais c’est la base, tout le monde a droit à un procès équitable », dit-il, admettant que ce n’était pas la première fois qu’on lui posait la question.

Le Québec produit de nombreux avocats en droit international. Érick Sullivan, sous l’impulsion de sa directrice de stage, maître Fannye Lafontaine –elle a défendu Omar Khadr–, a aussi le mandat de faire la promotion de la clinique de droit international de l’Université Laval, chose maintenant faite.

Érick Sullivan était-il prédestiné au droit? La réponse est dans son arbre généalogique. Il est le neveu du regretté Jean-Patrick Sullivan, avocat bien connu dans Charlevoix, tout comme son oncle Luc Lavoie. Sa cousine Claudia Lavoie est aussi avocate.

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