Forte présence d’ours : entre inquiétude et tolérance

24 septembre 2009
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Les ours sont plus nombreux cet automne à quitter les bois et voisiner les Charlevoisiens. Si la situation n’est pas unique à la région, elle entraîne cependant beaucoup d’inquiétude de la part des habitants et plusieurs interventions des agents de la faune et de chasseurs. Portrait d’une situation où inquiétude et tolérance s’affrontent.

On ne compte plus les cas où des ours se sont approchés de maisons ou ont même fréquenté des secteurs résidentiels. Chaque municipalité a ses histoires d’ours dont les secteurs urbains de Clermont, Baie-Saint-Paul et La Malbaie. S’ajoutent  un nombre impressionnant de poubelles renversées et d’arbres fruitiers pillés.

Pour le trappeur Rock Guérin, la situation est exceptionnelle cette année bien qu’elle soit facile à expliquer. « Le manque de petits fruits, dû à une mauvaise floraison en début de saison, a entraîné  un manque de nourriture en forêt. L’ours cherche à manger, ce qui explique sa plus forte présence près des maisons, dans les champs de céréales et les vergers. » Depuis une semaine, l’homme a lui-même capturé cinq ours à la demande d’agents de la faune à la suite de plaintes de résidants, inquiétés par ses comportements inusités. Plusieurs centaines d’appels ont d’ailleurs été adressés aux bureaux de la faune de Baie-Saint-Paul et La Malbaie. Sur les lieux des incursions, on vérifie, on rassure et on distribue les conseils.

Certains dénoncent aussi l’augmentation du cheptel d’ours qu’on attribue au nouveau plan de gestion 2006-2013 du ministère de la Faune, à la diminution du nombre de trappeurs et de chasseurs ainsi que des prises autorisées en période de chasse. Au ministère des Ressources naturelles et de la Faune, le porte-parole Éric Santerre précise qu’on ne « parle pas actuellement de surpopulation » au Québec, qui compterait entre 60 000 et 70 000 ours. « Mais nos professionnels de la grande faune se penchent sur la question et sur les actions qui pourraient être mises de l’avant au regard de la situation que nous vivons cette année. »

L’abattage ne fait pas l’unanimité

Actuellement, les ours trop entreprenants sont abattus ou trappés par des chasseurs inscrits auprès du ministère de la Faune. Comme en fait foi la lettre ouverte publiée cette semaine dans nos pages, la procédure ne fait pas l’unanimité alors que certains préféreraient voir les bêtes capturées et relocalisées. « La relocalisation donne certains résultats, mais l’ours peut revenir (phénomène d’imprégnation) quand ce n’est pas un autre ours », de préciser M. Santerre. « Nous avons un moyen drastique d’intervenir et ce n’est pas la façon qui est préconisée. Mais la situation cet été entraîne des mesures d’intervention différentes. On essaie de limiter le plus possible à la source, sans oublier que nous avons une personne qui a été tuée par un ours la semaine dernière. »

Quoi qu’il en soit, la saison est à la « tolérance envers la nature », de dire quant à lui M. Guérin qui souligne que la situation perdurera jusqu’à la mi-novembre. « J’incite les gens à ne pas paniquer. Tout ce que l’ours veut, c’est manger. Évitez de laisser de la nourriture à l’extérieur, enfermez vos bacs à ordure, lavez votre BBQ et ramassez vos pommes. Mais si malgré toutes ces précautions, l’ours monte sur votre galerie, appelez les agents de la faune. »

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