Casino de Charlevoix : des ratées pour le programme d’autoexclusion

25 juillet 2009
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Un homme de Baie-Saint-Paul, qui s’était autoexclus en avril 2008, a été invité à jouer par lettre par le Casino de Charlevoix en juin 2009. Le premier est indigné, le second désolé.

Marc (nom fictif) a tout perdu au Casino de Charlevoix, mais ça, il l’assume. Après avoir songé au suicide, il a pris les moyens pour s’en sortir. «Ce n’était plus vivable. Je ne dormais plus la nuit, je n’étais plus efficace au travail et je devais de l’argent partout. Dans ma tête, il n’y avait plus de solutions», raconte Marc, qui a signé le document d’autoexclusion en avril 2008.

Son histoire ne diffère pas du cas typique. Cinq ans à arpenter les machines à sous, en misant toujours plus dans l’espoir de regagner ce qu’il a perdu, soit près de 100 000 $ et sa maison. S’il met à jour cette histoire, c’est à cause de son employeur, son âme sœur en fait, qui a pris le pari de le sortir de cet enfer il y a plus d’un an. «Quand quelqu’un fait l’effort de suivre une thérapie, de rencontrer régulièrement une psychologue, de s’autoexclure, l’état doit prendre ses responsabilités. Ce qui est arrivé n’est pas normal», dit ce dernier, songeant même à poursuivre la maison de jeu pour sa négligence.

La lettre, datée du 26 juin 2009, l’invitait à se rendre au comptoir du Casino Privilèges pour recevoir sa carte-cadeau de 25 $ pour de l’essence. La direction du Casino de Charlevoix n’a pas cherché d’excuses. «On regrette la situation. Nous mettons trop d’importances et d’efforts sur notre programme d’autoexclusion pour l’accepter. Ça peut juste nous rendre meilleur. C’est une fois, mais une fois de trop et nous allons regarder comment améliorer notre façon de faire», a déclaré le directeur général, François Tremblay.

Pourtant, le programme  est clair : «L’adhésion au programme d’autoexclusion entraîne automatiquement l’enregistrement du nom, du prénom et de l’adresse postale de la personne dans la base de données de la Société des casinos du Québec afin d’empêcher tout envoi de documentation annonçant les activités», peut-on lire, sur le site internent de la Société d’état.

Sans vouloir se déculpabiliser, M. Tremblay a expliqué que l’homme en question était inscrit sous deux numéros de membre différents. On en a rayé un, l’autre est demeuré actif. «Ça arrive rarement. Ce n’est pas quelque chose qu’on trouve drôle, ça nous a échappé», admettait M. Tremblay.
La société d’état n’hésite pas à vanter les mérites de son programme. «En 2008-2009, 1 597 contrats d’autoexclusion ont été signés, portant à 3 489 le nombre de contrats actifs. Plus de 6 422 repérages ont été effectués par la sécurité dans les casinos au cours de cette même année», étale-t-on sur le site internet.

Dans Charlevoix, ce sont 94 dossiers signés à cet endroit qu’on enregistre, mais à la grandeur de la province, 2750 personnes ont demandé à être autoexclus de la maison de jeu charlevoisienne.

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