Le mythe des classes multiniveau déboulonné
La conception négative de certains parents envers les classes multi niveau a eu la vie dure lors de la séance spéciale du conseil d’établissement à Fernand-Saindon. Plusieurs parents et certains des enseignants présents ont tenu à défendre ces classes à degrés multiples afin de départager les perceptions et la réalité
Parmi les convaincus des classes à degrés multiples, Dave Boivin est père de trois enfants dont un d’âge scolaire : « Les gens semblent avoir de bonnes intentions lorsqu’ils critiquent les classes à multiniveau, sauf que j’ai dans les mains des études faites dans plusieurs pays comme la Nouvelle-Zélande, la France, la Suisse. On constate notamment chez ces élèves le plus haut taux d’alphabétisation. Avec ces données en mains, je dirais même que je ne vois pas l’intérêt d’avoir des classes à 1 niveau. »
Parce que le ratio d’élèves par professeur est moins élevé dans les classes à degré multiple, certains parents ont dit apprécier cet « enseignement personnalisé ». Josée cite l’exemple de sa fille. Aujourd’hui adolescente, celle-ci avait pris du retard lorsqu’elle est entrée en 3e année dans une classe à 4 niveaux. « Dans ce petit groupe, son enseignante l’a prise et l’a emmené jusqu’en 6e année. Cette année, elle est en secondaire deux, dans une polyvalente de Québec où les autres élèves ont eu un primaire différent du sien, et elle performe très bien. Je pense que c’est plus la qualité de l’enseignement qui est important. »
Des enseignants ont aussi témoigné de leur expérience, dont Marie-Claude Godin qui a fait part de la façon dont se déroulent ses journées à Beau-Soleil dans sa classe de 4 niveaux qui compte 21 élèves et pour lequel on lui alloue une « demi » ressource supplémentaire. « Ça va très bien au niveau des apprentissages », a-t-elle assuré. De son côté, l’enseignant au secondaire M. Christian a soutenu qu’il ne voyait pas de différence entre les adolescents issus de classe de primaire simple ou multiple. À son tour, l’enseignante Katleen Lajoie, qui est aussi membre du Comité famille de Notre-Dame-des-Monts, à exhorté les parents à avoir confiance dans les enseignants : « Tout ce qu’on vous demande, c’est de vous fiers à nous. Ça fonctionne bien dans la classe multiple de Marie-Claude et ça fonctionne bien aussi dans la mienne à 1 degré à Félix-Antoine. Nous sommes dans la classe, c’est nous qui évaluons vos enfants. Faites-nous confiance! »
Comme le précise le directeur général Robert Labbé, « 50 % des classes au Québec sont des groupes à 2 divisions et plus par classe. La situation n’est pas unique à Charlevoix. Et aucune étude n’est arrivée à démontrer jusqu’à présent qu’il y a des impacts négatifs aux classes à trois divisions et plus. » Dans Charlevoix, les écoles Forget à Baie-Saint-Paul ainsi que Marguerite-D’Youville et Félix-Antoine à La Malbaie sont les seules à avoir des classes à une division. « Dans l’ensemble des autres écoles, nous avons du 2 et des 3 niveaux par groupe ainsi que des 4 divisions dans 4 écoles », d’ajouter M. Labbé.
Pour certains parents cependant, les classes à niveau multiple restent inadmissibles. « C’est comme essayer de bâtir 5 maisons en même temps, c’est impossible », de maintenir un père de famille. Annie Turcotte, qui fait partie du groupe de parents ayant fait campagne pour que les enfants soient inscrits à Beau-Soleil, maintient que « les classes à trois niveaux, ça reste que ce n’est pas l’idéal. Oui il y a des profs compétents et pleins de bonnes intentions, mais ils ne sont pas très nombreux à vouloir venir dans nos petites écoles. »
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