Claudette Simard a le coeur à l’envers depuis un an

Par Dave Kidd 5:31 PM - 29 avril 2024
Temps de lecture :

La mairesse de Saint-Urbain, Claudette Simard

« J’ai le cœur à l’envers depuis les événements. J’aurais voulu que ce soit tellement différent », a affirmé la mairesse de Saint-Urbain à l’enquête publique sur le décès des deux pompiers de la brigade en mai 2023.

Elle était à l’hôtel de ville quand elle a entendu au téléphone Cédric Châtigny (directeur du  service incendie), qui parlait avec l’adjointe administrative  dire qu’il avait perdu deux hommes. « J’ai commencé par brailler. Nos pompiers n’ont jamais eu à intervenir sur la rivière du Gouffre », a-t-elle mentionné.

Claudette Simard n’a pas déclaré l’état d’urgence le 1er mai 2023. Elle n’a l’a jamais fait  durant sa carrière politique longue de 39 ans, dont 17, comme mairesse. « J’aurais pu le faire, mais je n’en ai pas parlé avec le coordonnateur des mesures d’urgence qui était sur le terrain », a-t-elle souligné. « L’état d’urgence ne changeait rien pour nous autres. On n’aurait pas eu plus d’aide. On était coupé du monde. Ce qu’on a vécu, on ne l’a jamais vécu auparavant », a-t-elle aussi déclaré.

La mairesse de Saint-Urbain sera vraisemblablement entendue de nouveau dans la partie recommandation de l’enquête de la coroner Kronström.  Claudette Simard a toutefois laissé entendre que « ça prend des changements en urbanismes pour les petites municipalités. Ça en prend aussi en sécurité publique pour qu’elles puissent répondre aux exigences. Ça va prendre des exigences avec des objectifs clairs », a-t-elle déclaré.

Des propos qui étaient précédés d’un constat sur le manque de ressources humaines. « Je n’aurai jamais les ressources pour atteindre les objectifs de la sécurité civile », a reconnu Claudette Simard. Est-ce un appel au regroupement municipal? La question demeure entière. L’avocate de la municipalité a dit qu’elle ne répondrait pas aux questions de journalistes.

Dans le futur, le directeur général de Saint-Urbain ,l’actuel et les prochains, recevra une trousse sur le plan de sécurité civile municipal. « Je suis maintenant impliqué dans le plan », a-t-elle spécifié. « On ne m’a jamais présenté le plan de sécurité civile de la municipalité. Tout ce que j’avais, c’était une affiche avec les personnes-ressources », s’est-elle rappelée.

Le directeur général fait aussi des constats

Le directeur général de Saint-Urbain, Martin Guérin, avait des « connaissances limitées » sur les mesures d’urgence le 1er mai 2023. C’est ce qu’il a admis à l’enquête publique. Les événements sont survenus six mois après son entrée en poste. Et si une situation « multisites » se produisait aujourd’hui, Saint-Urbain ne pourrait pas plus déployer son comité de mesure d’urgence faute de ressources humaines.

Le constat fait par le dg est sans ambigüité et pourrait sans doute être identique dans des municipalités de même taille.

Présentement, si j’applique ce qui est dans le plan de sécurité, je n’ai pas l’équipe pour le faire. En termes d’inondations, on a les mêmes problèmes que la municipalité voisine », observe Martin Guérin qui expliquait la difficulté d’obtenir de l’aide. « On a un gros os qui est la capacité en ressources humaines », dit-il aussi.

Des ententes spécifiques sont l’avenue que Saint-Urbain explore pour obtenir de l’aide. « On regarde pour les développer. On analyse les besoins en termes d’expertise », a soulevé le directeur général.

L’équipe est restreinte. Au moment des faits, il y avait 6 employés à temps complet et un à temps partiel. « J’ai décidé de rester dans le camion avec Luc Dufour (directeur des travaux publics). C’était le meilleur moyen pour moi de savoir ce qui se passait. Le centre d’hébergement a été ouvert, mais personne n’a dormi là », a rappelé le DG.

Avez-vous eu de l’information comme directeur général sur ce qui s’en venait? « On savait qu’il annonçait de la pluie. On n’était pas inquiet », a répondu Martin Guérin en réponse à une question de Me Pierre-Olivier Bilodeau.

Martin Guérin est coordonnateur des mesures d’urgence, mais il n’avait rien de concret sur le sujet à son entrée en fonction en novembre 2022. Il n’a pas eu de formation à l’interne ni aucune transition avec son prédécesseur qui avait quitté un mois plus tôt.

« J’étais encore en période d’apprentissage. L’apprentissage de tout était au menu depuis mon arrivée », a-t-il mentionné.

Il a indiqué qu’en date du 1er mai 2023, Saint-Urbain n’avait aucun plan particulier sur les inondations. « Une mesure générale de sécurité civile s’appliquait », a-t-il dit

« Je n’avais pas reçu d’information de la Sécurité civile. On a changé d’adresse courriel. Ça n’arrivera plus avec le changement effectué », a expliqué Martin Guérin. « On remet à jour notre liste de contacts aussi », dit-il également.

Martin Guérin ignorait ce qu’était un Argo. « Je ne connais pas ça. Je me fie à mes équipes. Ils m’ont dit que c’est un véhicule amphibie. Je n’ai pas eu connaissance des discussions sur la façon de faire le sauvetage », a aussi déclaré le DG.

Il a vu l’Argo avec Christopher et Régis Lavoie qui flotte dans le champ lorsqu’il revient sur les lieux pour apporter des cordes. « Le véhicule avance », s’est souvenu Martin Guérin. « Sur les ondes radio Cédric Chätigny est surpris d’apprendre que l’Argo est à l’eau » a-t-il aussi témoigné.

Il a géré beaucoup les communications après les tristes événements. « C’est moi et la mairesse qui sommes allés annoncer les disparitions aux familles. Ça été difficile », a aussi témoigné Martin Guérin.

L’enquête publique se poursuivra demain. Deux enquêteurs de la CNESST seront entendus.

Partager cet article