Gabrielle Bouchard lance un cri du cœur

Par Jean-Baptiste Levêque 7:00 AM - 26 avril 2024
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Gabrielle Bouchard, directrice générale et conservatrice en chef du Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul. Photo archives

Un peu plus d’an après son entrée en fonction à la tête du Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul, Gabrielle Bouchard lance un cri du cœur au ministre de la Culture et des Communications sur les conditions de travail difficiles des travailleurs culturels.

Le ministre Mathieu Lacombe était de passage lundi dernier au Musée d’art contemporain. Une visite de courtoisie où il a pu découvrir l’institution culturelle, mais en passage éclair. La directrice générale et conservatrice en chef du musée en a tout de même profité pour lui remettre une lettre particulière.

Elle y fait état de la situation critique que vivent les travailleurs culturels qui, malgré leurs diplômes universitaires, quittent le milieu pour devenir traducteurs, travailler en communication, en marketing ou encore en restauration, parce que leur emploi en culture ne paie pas suffisamment.

« On perd des travailleurs. On n’a pas stabilisé leurs emplois, leurs conditions. Ils vivent une surcharge de travail. Le monde font des burn-out », laisse tomber Gabrielle Bouchard, pour qui la rétention de personnel est un enjeu quotidien.

En alertant ainsi le ministre, la dg rejoint un mouvement plus général, qui s’est fait entendre lors d’une manifestation le 18 avril dernier devant le bureau de l’élu, à Montréal. « Je l’ai félicité d’être sorti voir les manifestants », souligne-t-elle tout de même.

Même si ces enjeux concernent l’ensemble du milieu culturel, ils touchent davantage celui des arts visuels, dont le budget représente un maigre 4,3 % du budget total alloué par le gouvernement à la culture.

Gabrielle Bouchard précise aussi que la diffusion de culture en région comporte son lot de difficultés supplémentaires. « On se bat dans une enveloppe avec les autres institutions de la Capitale-Nationale, comme le Musée national des beaux-arts du Québec. On n’est pas vraiment une région », déplore-t-elle.

Celle qui veut rendre l’art plus accessible aux jeunes doit faire des miracles pour concrétiser sa mission. « Les jeunes ne peuvent pas venir gratuitement en transport en commun. J’ai toute la misère du monde à faire du parascolaire. »

Le ton de la dg, habituellement dynamique, a fait place à la lassitude de voir tout le travail effectué par son équipe manquer de reconnaissance et de soutien. « J’ai doublé mon achalandage, mais pas mes subventions », image-t-elle.

Gabrielle Bouchard ne se fait pas d’illusions quant à ses attentes envers le gouvernement. Elle a tout de même reçu une réponse rapide du cabinet du ministre Lacombe, qui souhaite poursuivre avec elle la discussion.

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