La députée Kariane Bourassa sera maman

Par Dave Kidd 7:00 PM - 25 avril 2024
Temps de lecture :

Kariane Bourassa confirme sa grossesse. Photos courtoisie.

Le souhait le plus cher de Kariane Bourassa est enfin exaucé : la députée de Charlevoix Côte-de-Beaupré, déjà belle-mère, donnera naissance à un enfant. Parce qu’elle sait que plusieurs parents vivent, comme elle et son conjoint,  ce parcours du combattant, elle a accepté de partager son histoire de persévérance et de courage.

« J’ai dit à mon conjoint à notre première rencontre :  ‘’tu es très intéressant, mais si tu veux une deuxième date, je t’avise que moi je veux des enfants‘’», raconte d’entrée de jeu Kariane Bourassa, qui a toujours souhaité fonder une famille de 2 ou 3 enfants.

Comme elle et Philippe Beaudry forment un couple depuis 2019, le message était possiblement celui que l’élu de son cœur souhaitait entendre. Leur amour est fort. Il a sans doute gardé le couple bien soudé alors que la suite des choses est loin de ressembler à un conte de fées, et ce,  même s’ils vivent heureux et auront un enfant !

Philippe Beaudry et Kariane Bourassa

Il faut savoir qu’avant de rencontrer celle avec qui il partage sa vie depuis 2019, monsieur avait subi une vasectomie irréversible.  La clinique de fertilité et le recours à la fécondation in vitro s’imposaient donc comme seule option. Et force est d’admettre que cela n’a rien à voir avec une opération du Saint-Esprit.

« C’est une façon moins romantique de faire un enfant, mais il a été conçu avec beaucoup d’amour … et beaucoup de science! », lance Kariane Bourassa.

Premier cycle

L’aventure commence en 2021. La première tentative n’a pas le résultat espéré. « J’ai reçu la nouvelle au téléphone, tout juste avant de prononcer un discours pour accueillir une délégation de députés du Maroc. Je ne pouvais pas être sentimentale et vivre mes émotions dans le moment présent. De retour à la maison, je me suis effondrée et j’ai pleuré pendant deux jours par la suite », raconte-t-elle.

Après cette tentative ,le cycle reprend. « Mes doses d’hormones avaient été augmentées et cela me donnait de la nausée, des frissons et des maux de tête. Je n’ai pas pris de congé. Physiquement, la procédure est éprouvante. Il y a les ponctions d’ovules et de spermatozoïdes ainsi que les injections trois fois par jour pour la stimulation ovarienne…», explique l’élue.

Tout cela prend énormément de place dans la vie de tous les jours.

« Ç’a été long et ç’a été des montagnes russes d’émotions. Ç’a été intense. Quand tu veux un enfant, ça devient une obsession », admet la députée qui ne voyait « que des enfants et des mamans » dans les événements auxquels elle assistait.

« Tu penses juste à ça! C’était une bataille parallèle que je menais en même temps que tous mes dossiers. C’était la bataille contre l’infertilité. Il y avait aussi le stress financier. Ça coûtait 6000$, 7000$ par mois de traitements. On a de bons salaires, mais des couples rencontrés me disaient ‘’on a juste les moyens pour une seule tentative’’. Je trouvais ça atroce », se remémore-t-elle.

Finalement le cycle de février dernier, a été le bon. On dit qu’une mère à un sixième sens lorsqu’il est question de ses enfants. Kariane Bourassa a ce sixième sens. Elle n’a pas attendu le résultat de la prise de sang confirmant sa grossesse. « Je n’étais pas capable d’attendre. 5 jours après l’implantation, j’ai fait le test en cachette », dit-elle.

Son conjoint ne souhaitait pas accueillir un enfant après 45 ans. La découverte d’un kyste sur un ovaire et la stimulation ovarienne, devenue une surstimulation, ont étiré les délais, ajoutant au stress.

« Plus les échecs s’accumulaient, plus on se demandait si on allait y arriver. Finalement, j’ai respecté ma part du marché », dit-elle en riant.

Date significative

« Même à 12 semaines, nous sommes prudents. À 7 semaines, nous avons entendu le cœur battre à l’échographie. Tout était normal!»

Le conjoint de Kariane Bourassa est militaire. La vie fait drôlement les choses. La date prévue pour l’accouchement est le 11 novembre : le jour du Souvenir. « Philippe trouve ça très symbolique », dit-elle.

Le papa manquera les derniers mois de grossesse parce qu’il sera déployé, mais devrait être de retour pour l’accouchement. « C’est un stress de plus de savoir que je passerai les mois les plus pénibles seule. Mais je savais dans quoi je m’embarquais en fréquentant un militaire », assure l’élue.

Le coût de la vie

La procréation assistée s’avère onéreuse. « Je n’ai pas accès à la gratuité parce que la vasectomie de mon conjoint est considérée comme de l’infertilité volontaire.  Heureusement, nous touchons de bons salaires. Les frais, au total, sont de l’ordre de plus de 40 000$. On a quand même fait des sacrifices», dit-elle.

Déjà des gardiens

Jackson 10 ans et Tommy 12 ans, les fils de son conjoint sont heureux que la cigogne passe à la maison. « Ils sont super excités. Ils ont déjà demandé s’ils pourraient garder le bébé ! », avoue-t-elle, convaincue que ses beaux-fils seront de super grands frères.

Pas de congé de maternité pour les députées

La nouvelle maman députée, la plus jeune de l’Assemblée nationale, ne bénéficiera d’aucun congé de maternité. C’est laissé à la discrétion du groupe parlementaire. « J’ai le droit de m’absenter aussi longtemps que je veux. Je pense m’absenter 4 mois, mais sans tout couper. J’ai quand même des dossiers à suivre. Dès que je pourrai, je vais reprendre le terrain avec mon enfant dans les bras. Il viendra aux activités! »

Peut-être pour une toute première fois, deux députées siégeant à l’Assemblée nationale sont enceintes. La libérale Marwah Rizqy attend son deuxième enfant. 

« Il faut de jeunes femmes pour représenter les familles. Il faut des mères pour comprendre aussi la réalité des jeunes parents, dont je serai encore plus proche. Ça fera de moi une meilleure députée. Mon enfant sera un enfant de députée. Il va connaitre très bien Charlevoix-Côte-de-Beaupré. La politique c’est une affaire de famille. Les garçons, les gens les voient partout. On devient une famille avec trois enfants », termine-t-elle.

L’arrivée du bébé ne vient surtout pas mettre un terme à la carrière politique de la députée. Elle avait déjà confirmé qu’elle sera candidate en 2026. Kariane Bourassa le répète: elle portera les couleurs de la CAQ au prochain scrutin québécois.

Partager cet article