Témoignages émouvants à l’enquête publique du coroner

Par Dave Kidd 6:59 PM - 15 avril 2024
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Alain Tremblay, beau-frère de Régis Lavoie, et Marylou Lavoie

La première journée de l’enquête publique du coroner chargée de faire la lumière sur les causes et circonstances du décès des pompiers Régis et Christopher Lavoie de Saint-Urbain, morts en devoir le 1er mai 2023, a été marqué par des témoignages émouvants.

« Je veux qu’on se souvienne de mon père comme d’un homme au grand cœur.  Il aurait tout donné pour tout le monde. Il avait le cœur sur la main. C’était un pilier de notre communauté. Il a perdu la vie en donnant aux autres », a témoigné sa fille Marylou.

Les deux résidents qui devaient être évacués par les pompiers ont ensuite été appelés à la barre. Lynda Simard a raconté qu’elle et son conjoint Yvan Lavoie savaient que leur chalet transformé en résidence principale était dans une « zone inondable ». « L’eau a tellement monté vite qu’on a été encerclés. Le courant est devenu plus fort dans le champ ( devant leur résidence) que celui de la rivière », a-t-elle aussi raconté. « Personne ne pouvait voir de la 138 ce qui se passait chez nous », a-t-elle ajouté.

Une photo présentée à l’enquête publique du coroner par la technicienne du service d’identité judiciaire de la SQ. La résidence du couple Simard-Lavoie est au centre.

Elle a aussi raconté qu’il était 12h02 lorsque la secrétaire de la municipalité a communiqué avec eux. À ce moment, « il n’y avait pas de danger », ont dit Lynda Simard et Yvan Lavoie. 36 minutes plus tard, ils appelaient le directeur du service incendie de Saint-Urbain. « Il faut sortir », a dit son conjoint au chef Cédric Chatigny. À 12h47, ce dernier confirme que les pompiers seront là dans 20 minutes, selon le témoignage de la dame. À 13h05, le chef dit dans un appel : « je t’envoie l’Argo », relate un témoignage.

Le couple a été formel. Jamais un ordre d’évacuation de la municipalité, des pompiers ou de la Sûreté du Québec ne leur a été signifié.

Les deux résidents de Saint-Urbain ont vu les deux pompiers mettre le véhicule Argo à l’eau et tenter de se rendre à eux. « Ils dérivaient. Ils étaient incapables de s’approcher. J’ai arrêté de regarder, a dit Lynda Lavoie en pleurant. Les arbres transportés par les eaux de la rivière du Gouffre qui allaient frapper contre la propriété du couple ont été un moment d’une grande frayeur pour la dame.

Son conjoint se souvient du 1er mai 2023 comme « d’une histoire d’horreur ». Yvan Lavoie avait vu des photos des inondations de 2005 et 2012 et il ne pensait pas que celles de l’an dernier seraient bien pires que celles du passé. « J’étais certaine qu’on allait mourir. J’étais sure qu’on partait », a déclaré sa femme.

Les deux ont indiqué qui leur aurait été impossible de quitter tellement en raison de la montée des eaux subite qui a généré un fort courant. Ils ont finalement été évacués par l’hélicoptère de la Sûreté du Québec en fin d’après-midi.

« Si quelqu’un m’avait dit sort de là, je l’aurais écouté », a aussi déclaré Yvan Lavoie qui dit souffrir depuis un an. « On n’a jamais refusé de quitter comme disaient des cancans », ajoute-t-il. « On recherche la vérité » a dit la coroner Andrée Kronström.

La journée s’est achevée avec le récit d’un policier sauveteur. Vincent Arsenault a relaté les opérations de recherche et de sauvetage menées les 1er, 2 et 3 mai. En plus de la Sûreté du Québec, les Forces armées et la Garde-côtière canadiennes ont pris part à l’opération en fournissant un avion Hercule et des hélicoptères.

Les deux victimes ont été retrouvées le 3 mai alors que le niveau de la rivière du Gouffre avait considérablement baissé.

Deux autres policiers seront entendus demain. Ensuite, des témoins civils et plusieurs membres du Service incendie de Saint-Urbain seront appelés à la barre.

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