Offensive policière: une trentaine d’arrestations et une quarantaine de perquisitions

Par Patrice Bergeron, La Presse Canadienne 6:03 PM - 29 février 2024
Temps de lecture :

Michel Patenaude, à gauche, directeur des enquêtes criminelles à la Sûreté du Québec, prend la parole lors d’une conférence de presse conjointe sur le crime organisé, à Québec, le jeudi 29 février 2024. De gauche à droite, Michel Breveté, Marie-Manon Savard de la Service de police de Québec, Réjean Langlois du Service de police de Lévis et Jean-François Imbeault du Service de police du Saguenay. Photo THE CANADIAN PRESS/Jacques Boissinot

L’offensive de visibilité d’une vaste opération policière lancée dans l’est du Québec à la suite d’une prise d’otage mortelle et d’un enlèvement prendra fin sous peu, ont indiqué les autorités jeudi. 

Une trentaine d’arrestations et une quarantaine de perquisitions ont été effectuées, des armes et des stupéfiants ont été saisis, mais un des leaders présumés d’une organisation criminelle visée est toujours en cavale à l’étranger: Dave «Pic» Turmel, présumé chef du gang Blood Family Mafia.

Il s’agirait à l’origine d’une guerre entre groupes criminels qui a donné lieu à de l’intimidation, de la violence, de la torture, des enlèvements et des incendies, selon des experts du crime organisé. 

«Notre objectif était de procéder à l’arrestation des principaux acteurs liés au conflit (…), on a donné un bon coup, mais ce n’est pas terminé», a dit le directeur des enquêtes criminelles de la Sûreté du Québec (SQ), Michel Patenaude, en conférence de presse à son quartier général dans la capitale, flanqué de représentants des corps policiers de Québec, Lévis et Saguenay.

«Ce (jeudi) matin, on était rendu à peu près à 32 (arrestations), mais c’est en constante évolution. La présence plus visible va prendre fin dans les journées qui vont suivre, toutefois les enquêtes se poursuivent. (…) Il va y avoir d’autres arrestations dans les prochains mois et semaines.»

Ce sera ensuite au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) à déposer des accusations.  Depuis le début de ce «conflit», 1500 heures supplémentaires ont été facturées à la police de Lévis, a indiqué le directeur adjoint de ce service policier, Réjean Langlois, mais les autres corps policiers ont refusé de fournir ces renseignements ou ne les avaient pas sous la main.  Cette offensive conjointe a été lancée vendredi pour répondre «immédiatement et rapidement» à un enlèvement à Saguenay et une prise d’otage mortelle à Saint-Malachie en Beauce,  a précisé M. Patenaude. Entre 100 et 200 agents de la SQ ont été dépêchés sur le terrain dans l’est du Québec.

Les corps policiers disent collaborer depuis mars 2023 sur ces dossiers, mais la stratégie a changé à la suite de ces crimes très médiatisés, pour être «adaptée, rapide, immédiate, avec un peu plus de visibilité», a ajouté le représentant de la SQ. Il a assuré que ce n’est pas la publication de vidéos particulièrement scabreuses d’actes de violence et de torture qui a provoqué la riposte de la SQ. La SQ tente de localiser des suspects à l’extérieur du Québec et une arrestation a d’ailleurs été effectuée mercredi en Ontario, en lien avec l’enlèvement commis à Saguenay.  Dave «Pic» Turmel est toujours en cavale et est recherché par la police de Québec depuis juillet 2023, après une opération lancée en février 2019, le projet «Malsain», pour contrer une hausse des violences liées au trafic de drogue. Selon certaines informations, Turmel se cache en Europe.

À l’origine, le conflit implique des trafiquants de drogue indépendants qui s’alignent sur le gang Blood Family Mafia et qui refusent de payer les Hells Angels pour leurs activités menées sur les territoires des motards.

La criminologue et ancienne députée fédérale Maria Mourani, présidente de Mourani criminologie, a expliqué qu’il y a un mécontentement depuis longtemps chez les gangs de rue, car ils ne veulent plus travailler pour les motards.

Il s’agit d’une alliance de nombreux trafiquants de drogue, certains sont indépendants, d’autres sont membres de gangs de rue, qui ont en commun de ne pas vouloir payer la part de 10 % aux Hells Angels sur les transactions.

Partager cet article