Forte augmentation des immigrants dans les banques alimentaires de Charlevoix

Par Jean-Baptiste Levêque 7:00 AM - 7 Décembre 2023
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Les demandes aux banques alimentaires sont en augmentation, notamment chez les immigrants. Photo SACC

L’importante augmentation du nombre d’immigrants vivant dans Charlevoix s’accompagne d’un sombre constat : l’insécurité financière et alimentaire des nouveaux arrivants est aussi en croissance.

Un exemple frappant : plus du tiers des personnes qui utilisent la banque alimentaire de Baie-Saint-Paul sont des immigrants. Alors qu’ils représentaient 3 % de la clientèle en juin 2022, leur part est montée à 38 % actuellement.

C’est ce qu’on a appris plus tôt cette semaine dans un reportage de RCI. « C’est sans précédent. Nous battons tous les records », déclarait Annie Bouchard, directrice générale du Centre communautaire Pro-Santé, qui constate en parallèle une augmentation de 30 % des demandes, toutes clientèles confondues.

À La Malbaie, la portion d’immigrants utilisant la banque alimentaire est moins élevée, mais ils représentent tout de même 10 % de la clientèle. « Ils sont en augmentation cette année », confirme la directrice générale du Service d’aide communautaire de Charlevoix-Est, Maude Juteau Cousineau.

Dulce Vivar, membre du regroupement Latinos en Charlevoix, pense que le phénomène d’insécurité alimentaire est plus grand encore, puisqu’elle rencontre des immigrants qui n’osent pas demander de l’aide. « Ils ne sont pas fiers, ils me disent : Dulce, je veux appliquer, mais je suis gêné que mon nom soit inscrit. »

Il y a un mois, l’Institut de la statistique du Québec indiquait une forte croissance du nombre de Charlevoisiens due à l’immigration, surtout dans l’ouest du territoire. En 2022, entre 200 et 225 personnes provenant de l’immigration temporaire se sont ajoutées. Le recrutement international du Club Med y contribue pour beaucoup, mais d’autres employeurs aussi, précise Annie Bouchard.

Concernant les employés du Club Med, Dulce Vivar déplore que l’entreprise leur charge des frais obligatoires de nourriture (environ 70 $ par mois pour manger les aliments sur place), ce qui n’était pas le cas auparavant. Le logement coûterait environ 180 $ par mois à un travailleur pour une chambre partagée à deux, alors que précédemment la même chambre coûtait ce prix pour une seule personne. « Qu’est-ce qui va rester dans leurs poches au final? », questionne-t-elle.

En parallèle, Dulce Vivar constate « une plus grande conscientisation » des immigrants face à leurs conditions de vie précaires. L’amélioration de celles-ci passera peut-être par la création d’un organisme à but non lucratif.

Une vingtaine de travailleurs étrangers se sont réunis la semaine dernière pour explorer cette solution face aux services qui manquent pour faciliter leur intégration et leur rétention. Dulce Vivar a pris part à l’atelier organisé par Latinos en Charlevoix et cite en exemple les services aux familles ou la défense des droits. « On les aide beaucoup à faire ton assurance sociale, ton ouverture à la banque, mais après deux, trois ou six mois, il n’y a personne qui est là pour eux. »

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