La CNESST intervient au Club Med pour des risques psychosociaux

Par Jean-Baptiste Levêque 12:30 PM - 15 juin 2023
Temps de lecture :

Les inspecteurs de la CNESST sont intervenus le 31 mai au Club Med de Charlevoix. Photo Club Med

Suite à des plaintes liées à des risques psychosociaux, la CNESST est intervenue au Club Med Québec Charlevoix et demande à l’employeur d’apporter des correctifs. Un ancien GO confirme personnellement que ces risques peuvent être lourds de conséquences.

« Une intervention a été faite le 31 mai pour la prise en charge de risques psychosociaux. Les inspecteurs ont demandé certains correctifs », affirme David Blouin, porte-parole de la Commission des Normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) de la Capitale-Nationale.

Tel que définis sur le site de la CNESST, les risques psychosociaux peuvent être dus à des situations de violence physique ou psychologique, de harcèlement psychologique ou sexuel, de manque de respect ou d’incivilité, d’exposition à des événements traumatiques ou à de la charge de travail élevée.

Teamsters Canada, le syndicat des employés, était présent lors de l’intervention. Selon Marc-André Gauthier, directeur des communications, la venue de la CNESST au Club Med s’est faite suite à « des plaintes déposées il y a plusieurs mois, avant tout le travail accompli par Teamsters » pour améliorer les conditions de travail.

Pour plusieurs travailleurs interrogés lors de précédents articles, les risques psychosociaux pointés par la CNESST semblent bien réels et peuvent être lourds de conséquences.

Dernièrement, Jean-François* a contacté Le Charlevoisien pour partager son expérience. Cet ancien GO (nom donné aux animateurs du Club Med) a travaillé un an pour le complexe hôtelier et a mis fin à son emploi en raison de symptômes dépressifs : manque de concentration, perte de confiance en soi, fatigue extrême, isolement et phobie sociale.

Il met en cause la culture de l’organisation, alors qu’il avait déjà travaillé pour un autre Club Med avant de venir dans Charlevoix.

« Je subissais de la manipulation, un horaire de travail sans bon sens. C’était toxique full pin. Dans Charlevoix, c’était un peu mieux, mais il y avait encore des non-dits, des mensonges. Il y a plein de consommation d’alcool et de drogue, d’isolement. C’est une culture qui écrase les plus faibles pour se remonter », déplore l’ancien GO.

Jean-François* reproche aussi l’inaction des ressources humaines et du syndicat face aux problèmes vécus par les employés. « Les RH ne sont pas là pour nous. À l’époque où je travaillais, la déléguée syndicale se plaignait autant que nous et ne faisait pas grand-chose. »

Comme la majorité des travailleurs qui se plaignent de ces conditions, Jean-François* n’était pas à l’aise de parler publiquement. « Si on se sentait protégé, on le ferait. »

Marc-André Gauthier défend pourtant l’action du syndicat auprès des employés. « On est présent deux à trois jours par semaine. On offre du soutien psychologique ». Il reconnait que des employés ne souhaitent pas s’en référer à son organisation, ce qui explique que des plaintes ont été déposées directement à la CNESST.

M. Gauthier ajoute que deux nouveaux délégués syndicaux ont été élus fin mai. Il s’agit de travailleurs étrangers qui parlent à la fois français, anglais et espagnol. La barrière de la langue est un problème qui avait été soulevé par plusieurs travailleurs étrangers, notamment pour l’interprétation de leur contrat de travail.

Jean-François* espère sincèrement que la situation s’améliorera pour les travailleurs. Mais il a personnellement tiré un trait sur le milieu du tourisme. « C’était ma première expérience et ce sera la dernière. »

Selon Marc-André Gauthier, les inspecteurs de la CNESST reviendront au Club Med dans un mois pour constater l’évolution de la situation.

*Nom fictif employé pour préserver l’anonymat