Dépendance : « le problème ne disparait pas quand on enlève nos masques »

Par Jean-Baptiste Levêque 7:00 AM - 12 novembre 2022
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L’anxiété provoquée par la pandémie peut engendrer un problème de dépendance. Photo archives

Le milieu de vie de l’organisme Vision d’espoir de sobriété n’a jamais été autant sollicité. Les nouvelles demandes d’aide ont augmenté. Les problèmes de dépendance ne sont pas alarmants dans Charlevoix, mais suffisamment préoccupants pour que la semaine de sensibilisation à la dépendance garde toute sa pertinence.

Lucie d’Entremont, directrice de Vision d’espoir de sobriété, centre d’intervention en dépendance situé à Baie-Saint-Paul, constate que la clientèle est plus fragile qu’avant : « On sent encore les conséquences psychologiques de la pandémie, et ce sera pour encore des années. Un stress s’est installé par rapport au virus et à ses impacts. »

Même si la population ne subit plus de confinements ou de restrictions sanitaires depuis des mois, une anxiété s’est développée chez de nombreux clients. « Un problème mental ne disparait pas quand on enlève nos masques », illustre Mme d’Entremont. Et l’une des conséquences de cette anxiété est le développement de dépendances ou la rechute dans le cas d’une dépendance déjà existante.

En apparence, les chiffres concernant les dépendances dans Charlevoix ne semblent pas inquiétants. « Il n’y a pas de hausse significative, le nombre de personnes dépendantes reste semblable depuis plusieurs années », explique Mme d’Entremont.

Dans un portrait des signalements de surdoses en 2021, réalisé pour le CIUSSS de la Capitale-Nationale, on mentionne qu’il y a peu de signalements dans les régions éloignées, « mais nous suspectons une sous-représentation de la situation réelle. Les intervenants de ces milieux nomment une consommation bien présente, un isolement et une stigmatisation des personnes utilisant des drogues. »

« L’isolement a un impact sur la santé physique et mentale », rappelle Lucie d’Entremont. « Par contre, le côté positif de Charlevoix est qu’il y a peu de contacts directs avec des individus qui consomment, contrairement aux endroits populeux. Ainsi, Charlevoix est épargné par la crise des opioïdes, qui sévit par exemple à Québec. »

Les jeunes dans la mire des organismes

L’organisme Vision d’espoir reçoit régulièrement de demandes provenant des écoles secondaires : des questions, des inquiétudes et parfois des signalements. La semaine de la sensibilisation à la dépendance, qui aura lieu du 13 au 19 novembre, s’adresse d’ailleurs principalement aux jeunes de 12 à 30 ans.

Sous le thème « Pose tes questions, ose tes choix », la semaine a pour but de sensibiliser les jeunes et les amener à se poser des questions. Qu’est-ce qu’ils consomment? Est-ce problématique? On y parlera de tous les types de dépendance : drogues, alcool, jeu, cyberdépendance.

Ce dernier type de dépendance en est d’ailleurs une qui atteint de plus en plus les jeunes. L’Enquête québécoise sur le tabac, l’alcool, la drogue et le jeu chez les élèves du secondaire, réalisée en 2019, révèle que 14 % des élèves disent souvent ou très souvent manquer de sommeil à cause d’Internet. De plus, près de 1 élève sur 5 (18 %) rapporte avoir souvent ou très souvent du mal à s’arrêter lorsque qu’il est connecté sur Internet.

Durant la semaine de prévention à la dépendance, la table d’actions préventives Cap Jeunesse organise justement plusieurs activités dans des milieux fréquentés par les adolescents, comme les écoles secondaires et les maisons des jeunes. Il y aura des soupers-causeries sur la dépendance, des ateliers sur la consommation, ou encore des défis sans cell et sans Vap.

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