La flèche monumentale de Marc Bellemare vise Saint-Irénée

Par Emelie Bernier 9:54 AM - 15 juin 2022
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La flèche de 27 mètres de haut que souhaitait léguer Marc Bellemare à Baie-Saint-Paul cherche toujours sa destination et pourrait atteindre sa cible à Saint-Irénée. Photo tirée du site internet de la commune de Knokke-Heist qui accueille une telle flèche.

Le jardin harmonique de sculptures du Domaine Forget sera-t-il la destination de la flèche monumentale de l’artiste Jean-Pierre Raynaud? Rappelons que le mécène et collectionneur Marc Bellemare avait d’abord voulu offrir l’œuvre de 27 mètres à Baie-Saint-Paul, une offre qui avait été froidement accueillie par la population.

Suite à ce refus, Serge Murphy, alors commissaire du jardin harmonique de sculptures, avait fait parvenir une missive à l’avocat Marc Bellemare pour lui faire part de l’intérêt du Domaine Forget de Charlevoix à accueillir l’œuvre. «Nous croyons fermement qu’une œuvre telle que La Flèche trouverait au Domaine même ou encore au bout du quai de St-Irénée un lieu qui interromptle cours des choses et qui lui donne un sens supplémentaire », écrivait notamment M. Murphy, invitant maître Bellemare à « considérer sérieusement » l’offre.

Le successeur de Serge Murphy, Gilles Daigneault, actuellement commissaire du jardin harmonique, est également d’avis que La Flèche serait un ajout significatif au jardin de sculptures. « Le Domaine Forget, qui a une immense réputation dans le domaine de la musique, aimerait avoir une réputation analogue dans le  monde des arts visuels. La Flèche pourrait donner un prestige au Domaine», indique M. Daigneault. Tant M. Murphy que M.Daigneault sont conscients des critiques qui ne manqueront pas d’être émises.

«Il est des œuvres dont les gens qui ne sont pas du milieu se moquent volontiers. En général, quand on parle d’œuvres contemporaines, il y a toujours des détracteurs. Quand les œuvres sont enfermées dans les galeries, les gens ne se prononcent pas, mais quand elles se posent dans leur environnement, ils réagissent. C’est assez épidermique.  Personnellement, je donne un avis favorable. Soyons culottés!», lance M. Daigneault.  Il évoque la fameuse Tour Eiffel. « Quand elle a été construite, on disait que ça ressemblait à un jeu de mécano, c’était un monstre…. Il faut y mettre le temps. »

Pour le moment, aucune entente n’a été signée entre le mécène et l’éventuel hôte de l’œuvre pour laquelle Serge Murphy ne tarit pas d’éloges. « L’œuvre ne vient pas d’une façon passive se fondre à l’espace ou même le soutenir. Elle agit. Elle signe le lieu. Une œuvre publique se doit d’être disruptive », affirme-t-il.

Une fois de plus, l’œuvre devra, vraisemblablement, passer le test de l’acceptabilité sociale, selon l’analyse du futur directeur artistique Mathieu Lussier qui entrera en poste à la fin de l’été. «Je ne suis pas en poste donc je ne veux pas trop m’avancer par respect pour le conseil d’administration que j’ai vu discuter de ça avec beaucoup de sens des nuances et de largeur d’esprit. J’ai entendu les mots « acceptabilité sociale » et j’ai la conviction que ce sera au cœur des discussions si ce projet va de l’avant.»

La mairesse de Saint-Irénée et préfet Odile Comeau n’a pas entendu « officiellement » parler de la flèche, mais elle n’ignore pas que des discussions sont en cours. « Je trouve ça prématuré de me prononcer, mais les conversations font qu’on sait que c’est immense et tout ce qui est immense appelle à la prudence », commente-t-elle sobrement.

Au moment d’écrire ces lignes, il n’avait pas été possible de s’entretenir avec Marc Bellemare.

« Ce qui me frappe dans cette histoire, c’est le monde à l’envers. Normalement, on dit « on a un endroit, ça ferait bien si on avait une sculpture », mais là, c’est le contraire! On a une immense sculpture qui est un peu une patate chaude. Pas un particulier ne peut l’héberger et la mettre à côté de son BBQ!  C’est inimaginable, elle est un peu monstrueuse sur papier et on n’ose pas penser à ce que ça donne en réalité. Même si au moment où on se parle, personne ne l’a vue, La Flèche pourrait devenir un objet de curiosité que les gens vont avoir envie d’aller voir! », conclut Gilles Daigneault.

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