Été : Charlevoix aura encore la cote

Par Émélie Bernier 12:11 PM - 9 juin 2022
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Selon un récent sondage du CAA-Québec, Charlevoix arrive au deuxième rang des destinations estivales au Québec, tout juste derrière la Gaspésie.


Soixante-cinq pour cent des gens sondés planifient un voyage au Québec et de ce nombre, 17 % aimeraient visiter Charlevoix. La Gaspésie arrive première à 21 %. Seulement 20 % des gens songent à rester à la maison durant leurs vacances. Plusieurs Charlevoisiens font partie de ce 20%, selon les intervenants consultés pour ce dossier.


Pourquoi chercher ailleurs quand tout se trouve ici? C’est la question que semblent se poser plusieurs propriétaires de VR de la région, une tendance perçue tant par les détaillants que par les propriétaires de campings.


« Ce qu’on entend et qu’on encourage, d’ailleurs, c’est la volonté de découvrir la région. Les gens partent de Montréal, Gatineau et d’ailleurs pour venir ici, il doit y avoir quelque chose à voir! Nous, on fait tout pour s’en aller ailleurs. Beaucoup d’amis qui ont des VR n’ont même pas fait le tour de la région. Cette année, on dirait qu’ils se disent qu’ils pourraient commencer par voir ce qu’on a de beau… », indique Jean-François Savard, directeur général de Caravanes Charlevoix.


Liste d’attente dans les campings


Les listes d’attente pour obtenir un statut de saisonnier dans les campings de la région traduisent la volonté des Charlevoisiens d’immobiliser leur véhicule récréatif quelque part pour profiter des environs.


«On a environ 200 sites saisonniers et beaucoup sont occupés par des gens qui reviennent d’année en année. Il y a peu de roulement. Notre liste d’attente compte entre 50 et 100 noms », indique Louis Labbé, directeur général du Camping Le Genévrier.


Même les « voyageurs » et autres « weekenders », de façon générale, souhaitent rester plus longtemps. « On a beaucoup de demandes pour allonger les séjours. Les propriétaires de VR veulent sortir moins de fois, mais rester plus longtemps au même endroit. » Ils ne réussissent pas tous à obtenir ce qu’ils souhaitent. « Quand on est juste avant l’été, c’est difficile parce que les fins de semaine sont pas mal toutes occupées.


Le Genévrier compte 200 sites dits « voyageurs» et la saison, qui a débuté tôt, s’annonce bien malgré le prix à la pompe. «La hausse du prix de l’essence est assez récente et il n’y a pas d’annulation marquée à cause de ça. On était presque complet pour la fin de semaine des Patriotes. Ça s’enligne vers un été assez achalandé. Il y a beaucoup de nouveaux adeptes qui se sont acheté des roulottes dans les deux dernières années et ils veulent profiter de leur investissement» », ajoute M. Labbé.


Au camping à Saint-Siméon, la tendance est similaire, selon le responsable Yan Tremblay. «On a autant de réservations que l’an passé. On refuse depuis la mi-mars! Juillet et août sont déjà bookés », indique-t-il.


Sur les 82 emplacements que compte le camping, 25 sont saisonniers. «Ce sont souvent les mêmes qui reviennent depuis 20 ou 25 ans. Il n’y a aucune place vacante et on a une liste d’attente non officielle d’au moins 25, 30 personnes… on ne fait pas de promesse! » Certains iront même jusqu’à défrayer le coût supplémentaire pour louer un emplacement temporaire pour la durée de la saison. « Ils peuvent louer cinq mois, mais il faudra payer au mois, alors que le saisonnier va payer un prix de saison. »


Les municipalités sont prêtes


Aux prises avec une importante problématique de « camping-caravaning » sauvage au cours des deux derniers étés, Charlevoix a pris le problème de front et établi des balises claires pour les propriétaires de « van » et de VR qui séjournent sur son territoire.


«On a vu arriver de nouveaux adeptes, moins habitués avec la gestion des eaux usées et des déchets, par exemple, mais ça s’est beaucoup amélioré l’été dernier par rapport à 2020. Il y a eu beaucoup de discussions en lien avec les droits et responsabilités des touristes et des visiteurs. Ça a fait couler beaucoup d’encre et c’est tant mieux, parce que ça a permis de sensibiliser les gens», estime Karine Horvath, directrice générale de la MRC de Charlevoix.


Plusieurs municipalités ont misé sur de l’affichage pour indiquer les endroits où le camping est, ou n’est pas, permis. La priorité demeure de diriger les usagers vers les campings et entreprises touristiques officielles, selon Mitchell Dion, de Tourisme Charlevoix. L’organisation qu’il dirige oriente d’abord et avant tout les adeptes de camping-caravaning vers ceux-ci. « On a une liste de sites municipaux au cas où les campings seraient pleins. Des gens qui arrivent et n’ont nulle part où passer la nuit, il faut leur trouver un endroit sécuritaire et encadré », indique-t-il.


Les bureaux d’accueil touristique ainsi que l’équipe de Tourisme Charlevoix qui répond aux demandes en ligne ou au téléphone ont accès à cette liste.


À Saint-Siméon, la municipalité s’est dotée d’un espace dont la gestion a été confiée cette année à Go-Van, qui offre le « premier réseau d’espaces développé par des vanlifers, pour des vanlifers » à ses membres. « C’est une première cette année», indique Johanne Dallaire, agente de développement de la municipalité.


Initialement, le site géré par Go-Van devait se trouver au parc des Quatrièmes chutes, mais on a plutôt opté pour le « transit » du camping municipal, situé au pied du phare de la côte du traversier. « C’est toute une organisation qui est derrière ça. Ils ont une communauté de 30 000 personnes, des emplacements partout au Canada. Ils ont un code d’éthique, une structure. On peut payer via un code QR, en ligne….Il va rester des places pour ceux qui arrivent au camping municipal, par exemple, mais les stationnements 77 à 82 seront réservés à l’espace Go-Van », indique Mme Dallaire.


Saint-Siméon souhaite ainsi éviter les débordements observés depuis deux ans. « On souhaite régler la problématique de camping sauvage qu’on vit énormément à Baie-des-Rochers. On est victime de notre popularité. Force est de constater que les gens ne sont pas très écoresponsables…. On a tout vu! Des gens en gros VR qui font leur vidange partout, qui coupent des arbres pour se faire des feux…», se désole l’agente de développement. Elle rappelle au passage que les quatre campings de Saint-Siméon offrent un total de 253 emplacements. Les locations à l’Espace Go-Van ont débuté le 7 juin.


Quoi qu’il en soit, après les excès des dernières années, les municipalités sont mieux outillées pour intervenir en cas d’abus et peuvent compter sur la Sûreté du Québec si les propriétaires de VR contreviennent aux normes mises en place.

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