Le fléau du fentanyl est arrivé

Par Karine Dufour-Cauchon 6:00 AM - 25 août 2021
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Lucie d’Entremont de Vision d’Espoir de Sobriété de Baie-Saint-Paul tient dans ses mains deux précieux outils : une trousse de naloxone et des bandelettes-tests pour détecter le fentanyl.

C’était la plus grande crainte des intervenants en dépendance et elle s’est concrétisée : du fentanyl a été détecté dans de la drogue consommée par leur clientèle. La progression de cette substance hautement dangereuse ne peut être stoppée. La sensibilisation devient donc vitale.

Début août, deux organismes d’intervention en dépendances de Charlevoix ont uni leurs voix pour avertir leurs usagers. Une personne qui avait reçu une bandelette-test réactive au fentanyl l’a utilisée sur une amphétamine (appelée aussi peanut) qu’il allait consommer. Le test est revenu positif au fentanyl.

«C’est une substance extrêmement puissante. Une quantité de la taille d’un grain de sable peut causer un arrêt cardiorespiratoire et donc la mort. C’est ce qui est dangereux. La personne en question avait remarqué un goût et des effets différents», indique Lorie Dumont-Fontaine, intervenante chez Ressource Genesis de La Malbaie.
Ressource Genesis et Vision d’Espoir de Sobriété, à Baie-Saint-Paul, participent à un projet de prévention. Les organismes distribuent des bandelettes-tests qui permettent de détecter la présence de fentanyl à la clientèle à risque. Le but est de prévenir des décès.

« On explique aux usagers comment procéder et ils testent leurs substances chez eux ou à l’extérieur de nos locaux pour une question légale. Un premier client nous est revenu avec un résultat positif», indique Mme Dumont-Fontaine.

Lucie d’Entremont, directrice générale de Vision d’Espoir de Sobriété, rajoute que l’objectif est de réduire les méfaits de la consommation. Les bandelettes de test sont aussi une porte d’entrée pour dialoguer avec l’usager, précise-t-elle.

«Ce n’est pas seulement à Montréal ou à Québec que l’on voit cela maintenant. C’était inévitable qu’il y ait du fentanyl dans les opiacés ici. On n’est pas à l’abri. Même si, jusqu’ici, on a été chanceux, on s’est formé, on s’est préparé. Maintenant, quand on intervient auprès de quelqu’un qui ne veut pas arrêter de consommer et qu’on sait que la façon dont il consomme est dangereuse, on travaille à réduire les risques », décrit Mme d’Entremont.

La naloxone, un antidote essentiel

Les représentantes des organismes indiquent à l’unisson qu’un outil existe pour sauver des vies en situation de surdoses au fentanyl. Les trousses de naloxone peuvent permettre de gagner du temps précieux afin de contacter les services d’urgence.

Ces trousses sont disponibles auprès des organismes d’intervention en dépendances et dans certaines pharmacies. Les trousses sont gratuites. Par contre, elles ne régleront pas le problème dans son ensemble.
Pour éviter une escalade de surdoses, la sensibilisation est la clé, indique Mme d’Entremont. «Il faut sensibiliser les consommateurs, en parler. Ce n’est tellement pas un sujet qui est facile à aborder. Le bouche-à-oreille, d’en discuter avec ses proches, c’est important», termine-t-elle.

Une trousse de naloxone, des bandelettes-tests et de l’équipements d’injection stériles.

Dans Charlevoix, des décès par surdose ont été constatés chez des consommateurs. Il est toutefois impossible de dire si ceux-ci sont liés à la consommation de fentanyl ou à d’autres substances.

Vous avez des inquiétudes par rapport à un proche qui consomme ou vous vous questionnez sur votre consommation, contactez Vision d’Espoir et de Sobriété au 418-435-2332 (63, rue Leclerc). À La Malbaie, Ressource Genesis offre un service d’accompagnement pour les consommateurs et leurs proches. Contactez les intervenants au 418-665-3912 (332, rue Saint-Étienne).

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