La fermeture de la Résidence au Gré du temps « irréversible et bouleversante » pour la mairesse Claudette Simard

Par Emelie Bernier 8:02 AM - 27 juillet 2021
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La Résidence Au gré du temps, photo tirée de Facebook.

« Je n’ai jamais vécu quelque chose d’aussi triste durant tous mes mandats politiques », concède une mairesse Claudette Simard en larmes alors que le conseil d’administration de la résidence pour aînés privée à vocation sociale Au Gré du temps, à Saint-Urbain annonce la fermeture de l’installation. La pénurie de personnel est la principale raison qui a mené à la décision de fermer la résidence le 16 août prochain. Les 11 résidents qui y habitent seront relocalisés.

«Le conseil d’administration est au bout du rouleau. C’était devenu des gestionnaires comme si c’était une résidence de 50 personnes, alors qu’on avait juste 11 résidents. La pénurie de personnel a déclenché la décision », indique la mairesse Claudette Simard, qui supporte la décision du c.a., mais n’est pas moins bouleversée.  

La compétition forte entre les milieux de soin n’a pas aidé la résidence à retenir ses employés dont les salaires étaient parmi les plus bas du réseau. « On sait que le personnel n’était pas payé à sa juste valeur, mais nous devions considérer la capacité de payer de nos résidents.

La pandémie n’a pas aidé, mais le problème est plus profond. «Heureusement, pendant la COVID, on a eu l’aide du personnel du CIUSSS et nos employés ont eu une petite prime, ça été correct, mais une fois que c’est terminé, on comprend que le personnel s’en va ailleurs pour améliorer son sort. I y a une grosse compétition au niveau de employeurs pour attirer le personnel », relate la mairesse.

Le conseil d’administration était littéralement à bout de souffle et manquait, lui aussi, de bras. « Il y a littéralement un essoufflement, un épuisement. Le c.a. a essayé de trouver des solutions, dont Mme Françoise Bouchard qui est allée cogner à toutes les portes imaginables! J’ai cherché aussi des solutions pour au moins avoir de l’aide jusqu’à ce qu’ouvre la maison des aînés! faire le pont jusque-là aurait été intéressant… », se désole la mairesse.

Rappelons que le projet de résidence est une initiative municipale. Le maire de l’époque, Simon Bouchard, avait mis l’idée sur la table et la communauté s’était mobilisée, recueillant un 100 000$ de dons privés. La résidence avait ouvert ses portes le 15 janvier 2000.

Le cœur du village ne battra plus

« La résidence, c’était pour moi le cœur de notre municipalité. Pouvoir donner à nos gens la possibilité de rester dans leur milieu en quittant leur maison,  pour moi, c’était leur rendre tout ce qu’ils nous ont donné», confie la mairesse, très émue.

«C’était vraiment important pour moi, pour toute la communauté! Il y avait des liens entre la résidence et l’école. Nos aînés et nos enfants partageaient plein de choses: la musique, le potager, les histoires… C’est ça, pour moi, une famille. Nos aînés, c’est le noyau de notre famille et là, ceux qui sont là devront quitter et ceux qui auraient voulu rester dans leur communauté devront partir », déplore-t-elle.

Tout a été tenté selon elle. La clientèle vieillissante exige de plus en plus de soins et pas question de mettre à risque les résidents. « La moyenne d’âge est de 91 ans, des gens qui demandent beaucoup de soins et il faut être capable de leur donner. On a eu beaucoup d’aide du CLSC et des partenaires mais ne suffit pas pour assurer le fonctionnement au quotidien », précise-t-elle.

L’avenir du bâtiment est pour l’instant inconnu. « Nous avons une rencontre avec la Société d’habitation du Québec avec qui nous avons fait ce projet et la Fédération des OBNL pour décider de l’avenir. Ils  ne comprennent pas pourquoi on ferme! On n’est pas 50 000 habitants! On a fait ce qu’on pouvait, on n’en peut plus. Il y aura des discussions pour l’avenir du bâtiment, mais on ne peut pas se permettre de déménager des gens et de leur dire « peut-être que dans 6 mois, vous pourrez revenir », ça ne se fait pas de jouer au yoyo avec nos aînés », ajoute-t-elle.

Elle salue le « travail exceptionnel » du conseil en place et de tous ceux qui ont précédé. « Ce sont des gens de cœur, d’une grande générosité. Ils ont fait des miracles pour la conserver.  55 personnes ont vécu à la résidence et ont connu une vie exceptionnelle. Les gens étaient bien heureux, ils étaient reconnaissants, c’était ça la récompense. C’est ce qui donnait l’énergie de continuer, mais là l’élastique a cassé. Je respecte cette décision du c.a. », conclut Mme Simard.

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