Incendie mortel : « On n’a pas perdu des collègues, on a perdu des amis »

Par Lisianne Tremblay 3:30 PM - 6 mars 2020
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Les décombres ont été sécurisés et la circulation est de retour à la normale dans le secteur.

Les deux travailleurs étrangers ayant perdu la vie dans l’incendie du 4 mars ont laissé un vide dans la vie de leurs collègues chez Transvol, l’entreprise pour qui ils travaillaient.

Un de leur collègue transporteur de poulets, Jean-Sébastien Dufour de La Malbaie, a témoigné au Journal la déception de son équipe à la suite du décès de deux de ses « précieux collègues ». Bien qu’ils avaient joint l’équipe il y a seulement deux mois, ils avaient déjà créé des liens d’amitié importants.

« Pour moi, c’était déjà des amis. De rentrer dans le poulailler, le soir même du feu, sans eux, c’était difficile. C’est là qu’on a vraiment réalisé qu’on les avait perdus » entame M. Dufour.

Les deux victimes qui ont péri dans le brasier de la maison unifamiliale de la rue des Vingt-et-Un à Clermont étaient d’origine latine. Il s’agissait d’un Mexicain d’une quarantaine d’années et un Guatémaltèque dans la vingtaine. La Sûreté du Québec affirme devoir confirmer des informations avant de rendre leur identité publique.

Le Charlevoisien qui côtoyait les individus dans le cadre de son travail s’est dit très chamboulé par la nouvelle, lui qui s’était pris d’affection pour ses collègues.

« C’était plus que des collègues, c’était des amis. Je travaille dans cette entreprise depuis deux ans et demi et je n’ai jamais vu des gars travailler comme cela. Ils étaient travaillants, très respectueux, jamais un mot plus haut que l’autre. En plus, de savoir qu’ils faisaient ça pour leur famille dans leur pays, c’est d’autant plus tragique », a-t-il soutenu par la suite.

Le travail de transporteurs de poulets leur donnait l’occasion d’échanger, continue le collègue, endeuillé par la perte de ces gens « attachants ».

« Avec les semaines que l’on fait et le temps que l’on passe sur la route, on passait presque plus de temps ensemble que chez nous. On pratiquait la langue, on écoutait leur musique, on discutait de choses personnelles et on se racontait nos vies. Ils étaient les responsables de leur famille, et travaillaient pour faire de l’argent pour eux. Quand on connaît tous les problèmes qu’ils vivent en étant loin de leur famille, de leurs proches, on se console avec nos petits problèmes qu’on a ici, nous, les Québécois. Je leur lève mon chapeau. Ce n’est pas facile de faire ce travail salaud, et eux, ils ont du cœur au ventre et sont capables d’en donner », témoigne M. Dufour.

Finalement, le travailleur de La Malbaie soutient que les opérations de l’entreprise ont été retardées. « Trouvez de nouvelles personnes, ce n’est pas facile », a-t-il ajouté. Il souligne que les transports devraient reprendre leur cours normal d’ici dimanche. La direction de Transvol a refusé de nous accorder une entrevue.

Toujours pas de cause identifiée

La Sûreté du Québec annonçait ce matin continuer à colliger des informations sur la scène d’incendie. Aucune cause n’est identifiée pour l’instant par les enquêteurs. « On est toujours en enquête. La scène a été complétée hier par nos techniciens en scène d’incendie.  On est toujours à même de colliger des informations qui gravitent autour de l’évènement. On est toujours en processus d’identification des victimes. On a des noms allégués, mais on doit quand même vérifier et corroborer les informations que l’on possède », a commenté Ann Matthieu, porte-parole de la SQ.

L’individu que la SQ a identifié hier grâce à l’aide du public est « un bon samaritain qui s’est présenté sur place pour porter assistance ». Il a été rencontré afin d’évaluer ce qu’il a pu voir ou constater sur la scène.

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