Gilles Jean regagne son indépendance

Par Karine Dufour-Cauchon 3:44 PM - 4 février 2020
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Gilles Jean a décidé de quitter les rangs de BMR et de devenir indépendant.

Gilles Jean a repris le contrôle de ses quincailleries. Il s’est entretenu sur les difficultés d’appartenir à une bannière « qui ne tient pas compte des réalités des marchands en région ».

Depuis une trentaine d’années, les points de service du groupe Gilles Jean portaient la bannière du géant québécois BMR. L’homme d’affaires a constaté que depuis quelques temps, plusieurs irritants venaient compromettre ses activités à La Malbaie, L’Isle-aux-Coudres et BaieSaint-Paul.

Héritier de l’entreprise de son grand-père Henri, M. Jean a confié que six mois de réflexion ont été nécessaires avant de faire le grand saut vers l’indépendance. Être un commerce éloigné des grands centres de décisions commençait à affecter ses quincailleries. Le «marketing mésadapté» est l’une des premières raisons pourquoi M. Jean a repris les rênes de son entreprise familiale.

« L’aspect marketing des grands regroupements est géré à partir des grands centres, débute Gilles Jean. On avait des promotions qui ne nous étaient vraiment pas destinées, surtout dans les dernières années. Par exemple, je ne vois pas pourquoi je vous vendrais des ensembles de patios en rabais en plein mois de mars ? Pour les succursales de la ville, ça a du sens, mais nous, il nous reste presque quatre pieds de neige. Maintenant, nos circulaires seront plus ciblées à notre clientèle de Charlevoix ».

Ensuite, les décideurs « d’en haut » semblaient manquer d’écoute envers les commerces lointains. « L’attention des gens qui sont en place dans ces bannières n’est pas vraiment là. Ils ne sont pas sensibilisés aux réalités des commerces éloignés. Ça devenait de plus en plus difficile sur l’aspect de la communication », continue le repreneur.

Finalement, plusieurs responsabilités s’accumulaient pour le groupe. « Comme nous sommes loin des centres, on devait gérer de plus en plus le transport et la logistique d’approvisionnement. Ça a joué dans la balance, car je me suis dit: tant qu’à assumer ces fonctions, je vais le faire en mon nom propre, pour un magasin qui revient aux gens de Charlevoix », soutient-il.

Le magasin BMR de La Malbaie était l’un des plus anciens franchisés du Québec, rendant la décision « émotionnellement » plus difficile, selon l’entrepreneur. Malgré les quelques inquiétudes de ce dernier, la transition s’est déroulée sans anicroche, le tout en deux mois. Aujourd’hui, c’est près de 80 personnes qui ont un emploi grâce au regroupement, tout.

Aider sa communauté

L’an dernier, l’enveloppe discrétionnaire allouée aux projets de la communauté avoisinait les 35 000 $. Cette année, le montant n’est pas encore précisé, mais resemblera à 2019.

« Mon grand-père m’a inculqué cette valeur d’entraide, ça fait partie de notre ADN. Je me souviens, quand j’étais un jeune écolier à Notre-Dame-des-Monts, qu’il aidait aux sorties scolaires et s’impliquait pour l’école. Mon père, Joseph-Élie, m’amenait pour sa part aux activités du Club Lions. C’est là que j’ai compris que c’était important d’aider les autres », raconte M. Jean, maintenant président de la Fondation de l’Hôpital de La Malbaie.

Il termine en soulignant que l’implication locale devrait devenir un impératif pour tout entrepreneur. « Redonner, c’est normal et même, ça devrait être obligatoire. Du moins, c’est ma vision des choses », conclut l’homme d’affaires charlevoisien.

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