Défiguré par le chien du voisin

Par Karine Dufour-Cauchon 4:00 PM - 3 septembre 2019
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Ély-Pierre a dû subir une chirurgie d’urgence au visage au CHUL de Québec. On ignore toujours si les lésions laisseront des marques permanentes.

« Je me suis fait croquer par un chien ». C’est ainsi qu’Ély-Pierre, 6 ans, répond à ses amis qui lui demandent ce qui est arrivé à son visage. Bouleversée par l’accident, sa mère Kathy Tremblay raconte ce qui aurait pu être évité ce 23 août à Clermont.

« Il était allé voir son nouvel ami, chez le voisin d’en face. Il était dehors et jouait avec le petit garçon. Le père, propriétaire du Cane Corso, était à l’extérieur aussi. Le chien avait un collier, mais pas de laisse. Mon fils a voulu toucher le chien, mais il s’est retourné et l’a attaqué au visage. Le père a sauté sur le chien pour l’arrêter », témoigne la mère, encore terrifiée de la nouvelle.

« Tout ce que j’ai vu, c’est des grosses dents », se souvient le jeune Ély-Pierre. «J’étais au travail quand j’ai reçu l’appel. C’était le soir. On est allé à l’Hôpital de La Malbaie et ils nous ont transférés au CHUL de Québec par ambulance. Un plasticien attendait mon garçon pour l’opérer d’urgence au visage », raconte la maman.

À l’hôpital, le garçon a dû être recousu à la lèvre, au cou et au nez. « Pour éviter toute infection, il ne peut pas aller jouer dehors. C’est un petit garçon qui aime bouger, c’est donc difficile pour lui. Comme il a des points de suture dans la lèvre, il doit manger liquide. À quelques jours de sa rentrée scolaire, c’est assez ordinaire », continue Mme Tremblay, saluant le courage de son fils.

« Il est si fort. Il n’a pas bronché. Il nous voyait pleurer, nous, ses parents et son parrain, et il nous disait de ne pas pleurer. Peut-être qu’il ne comprend pas encore l’ampleur de ce qui lui est arrivé… On espère que cela ne le traumatisera pas dans l’avenir. On ne sait également pas encore s’il sera dévisagé à vie », souligne Kathy Tremblay, inquiète des impacts à moyen et long termes de l’évènement sur son fils.

Pour que justice soit rendue, Kathy Tremblay demande l’euthanasie de l’animal. « Ce sont des chiens dangereux. Si ça n’était pas arrivé à mon fils, ça aurait pu arriver à leur petit garçon. Sur les réseaux sociaux, il appelle son chien son « gros bébé », « qui ne ferait pas de mal à personne ». Et bien, regardez ce qu’il a fait à mon bébé, un humain, aujourd’hui », conclut la mère d’Ély-Pierre, qui dit se lever chaque nuit depuis l’accident, inquiète que son fils trépasse dans son sommeil.

La procédure

Comme le veut la procédure du ministère de la Sécurité publique, le chien doit être en quarantaine, soit dans un établissement externe, soit à son domicile, pour une durée de 10 jours. « La quarantaine a pour but de vérifier si le chien est atteint de rage, ou de maladies. Dans la MRC de Charlevoix-Est, la loi prévoit qu’il est interdit de posséder un animal dangereux. C’est pourquoi, une fois ce délai passé, le propriétaire a le choix de soi envoyer son animal ailleurs ou de le faire euthanasier », explique une porte-parole de la SPCA de Charlevoix, qui agit également à titre d’inspectrice pour la MAPAQ.

« Malheureux accident »

Le propriétaire du chien, contacté par Le Charlevoisien, se dit extrêmement désolé des évènements. « J’ai pleuré comme si c’était mon gars. Moi aussi, je suis fâché de ce qui s’est passé. Les enfants le savaient que le chien avait la tête grosse comme un pamplemousse à cause de sa blessure», a-t-il avoué.

Le propriétaire affirme que son chien devait subir une opération à l’oreille. Il dit avoir averti à plusieurs reprises l’enfant de ne pas approcher son Cane Corso trop brusquement. La victime aurait effleuré la partie douloureuse, causant son agressivité par réflexe.

Les parents d’Ély-Pierre ne savent pas encore s’ils envisageront ou non une poursuite judiciaire contre le propriétaire du chien. Le propriétaire n’a pas l’intention de faire euthanasier son chien.

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