Assurance emploi: l’entretien ménager en attendant le golf

6 mars 2013
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Les changements à l’assurance emploi imposent progressivement une nouvelle réalité aux travailleurs saisonniers et aux employeurs : au Fairmont Manoir Richelieu, une quinzaine d’employés passent temporairement du golf à l’entretien ménager.

En fait, quatorze travailleurs du terrain de golf feront des chambres pendant la relâche scolaire. « Nous avons toujours besoin d’un peu plus de monde pendant la relâche avec un hôtel plein à 100 %. Mais comme nous ne sommes pas en haute saison et que nous n’avons pas encore tout notre personnel, nous nous sommes tournés vers nos gens au chômage qui travaillent au golf l’été », résume le directeur général du Manoir Richelieu, Jean-Jacques Etcheberrigaray.

Pendant la saison estivale, Fairmont emploie une quarantaine de personnes sur son terrain de golf du Manoir Richelieu. De ce nombre, une partie habite la région et est prestataires du programme d’assurance-emploi. Syndiqués affiliés au TUAC, ils avaient le choix d’accepter ou non l’offre de leur employeur, qui comprenait une formation de cinq jours.

« Ce n’est qu’une semaine de travail que nous leur offrons et je ne sais pas si ça fera la différence pour eux auprès de l’assurance emploi, s’interroge M. Etcheberrigaray, mais pour nous, c’est de leur donner l’opportunité de montrer qu’ils veulent travailler. Et tant mieux s’ils font déjà partie de l’hôtel et qu’on peut les aider. »

En haute saison, le Fairmont Manoir Richelieu emploi quelque 550 travailleurs représentés par quatre bannières syndicales. L’hiver, ils sont 275 personnes à œuvrer dans l’hôtel de 400  chambres. Un endroit où « la clientèle individuelle » est la manne estivale alors qu’en hiver, « le salut » passe par l’accueil de congressistes, rappelle son directeur général.

Si la manœuvre patronale en a fait sourciller certains, le syndicat TUAC de Québec, qui représente 250 membres au Manoir Richelieu, dont environ 160 reçoivent des prestations d’assurance-emploi en hiver, ne voit rien à redire : « En autant que le travailleur est capable de faire ce travail et veut le faire, le syndicat ne s’oppose pas », expose la présidente de la section 503, Louise Lefebvre. Elle rappelle également que « c’est le travail qui est saisonnier, pas le travailleur ».

Incertitude et réflexion

M. Etcheberrigarray croit que pour syndicats et employeurs, « la priorité devrait être de conserver nos travailleurs dans la région. Si les choses changent autour et que tu ne t’adapte pas, tu mets à risque plein de choses, dont les entreprises. Il faut être ouvert aux changements et être prêt à s’adapter », croit-il.

Alors que la Coalition sur l’assurance-emploi de l’est du Québec est revenue bredouille de sa visite à Ottawa la semaine dernière, l’incertitude sur les effets des changements au programme fédéral est palpable.

« Nous sommes très inquiets des impacts possibles », affirme M. Etcheberrigaray. « Nous sommes une région saisonnière. Les changements actuels pourraient avoir de fâcheuses conséquences pour nos gens. On embauche déjà 150 personnes à chaque été et je me vois mal en embaucher 250 à tous les ans parce que nos gens sont partis travailler en ville. À ce rythme, on va s’essouffler. »

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