Parcourir l’exposition Pellan ne peut que ravir le spectateur. Nous avons là le parfait exemple d’une recherche du dialogue entre l’artiste et le public. C’était d’ailleurs ce que visait précisément Pellan lorsqu’il fit son premier voyage dans Charlevoix en 1941.
«J’avais un but bien précis en me rendant en Charlevoix. J’y allais pour travailler, mais la campagne était si belle et mes hôtes si charmants que les premières semaines s’écoulèrent sans que j’aie ouvert ma boîte à couleurs. Puis au cours des deux dernières semaines, je passai à l’action et brossai toute une série de petites toiles, des paysages des environs et aussi des portraits de fillettes du voisinage. C’était là mon projet secret», a dit Pellan un jour.
Ce voyage en Charlevoix (il est l’invité de Jean Palardy et Jori Smith) survient un an après son retour à Québec après un séjour de 15 ans à Paris, où il a connu Kandinsky, Braque, Picasso et compagnie. Sa première exposition surprend, mais révèle cette rupture du dialogue entre l’artiste et le public.
Pellan a tout de même admis : «À l’époque, ma production était plutôt moderne, mais je m’étais rendu compte du fossé qui nous séparait, mes collègues et moi, du public, et je voulais, en montrant aux gens qu’il m’était également possible de faire de la peinture réaliste, opérer une sorte de rapprochement. J’étais sincère.»
C’est cela et bien plus qu’on présente au Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul jusqu’au 14 février.
Rassemblés par l’historien de l’art et spécialiste de l’œuvre de Pellan, Gilles Daigneault, des huiles, des dessins, mais surtout des estampes des années 1960 permettent de suivre le parcours du célèbre peintre. Notons également que l’épouse de l’artiste, Madeleine P. Pellan, a prêté plusieurs œuvres pour compléter cette exposition.
Le Musée d’art contemporain a également pensé confier la présidence d’honneur à quelqu’un qui a beaucoup fait pour la diffusion de l’œuvre de Pellan, allant jusqu’à créer une exposition permanente au Musée national des Beaux-Arts du Québec : John R. Porter. Qualifiant Pellan de «fondateur de toute cette dynamique de l’art contemporain», M. Porter a rappelé qu’un «tableau n’existe que s’il est vu».
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